Mission Nur Vankis I - Aller

Naya sentit son coeur s'accélérer. Elle se retint de crier un énorme juron, ce qui ne l'empêcha pas de dire sa façon de penser d'une voix sacadée, plus basse qu'un murmure.

Bordel de merde ! Il a fallu que le Nur Vankis soit trouvé par la faune locale ! Saloperies, j'ai autre chose à foutre que faire de la diplomatie !

Elle tenta de se calmer en respirant lentement. Après tout, elle était une scientifique et en réagissant de cette manière elle sonnait comme... un soldat. Fermant brièvement les yeux, la jeune femme expira longuement pour cesser l'ébullition régnant sur son esprit et commença à raisonner de nouveau de façon rationelle.

Elle observa alors attentivement le groupe de Kyehens. Le traité de Xéniobologie qu'avait écrit Akira à la suite de leurs expéditions lui revint brusquement à l'esprit. Récitant mentalement toutes les espèces qu'ils avaient pu répertorier, Naya bloqua sa mémoire sur le passage concernant les Kyehens. Elle rouvrit les yeux.

Dans notre malheur nous sommes chanceux

Souffla-t-elle à Bobcko

Les Kyehens sont plus ou moins civilisés ou du moins sont-ils plus évolués que la moyenne. Cette cérémonie le prouve. Et ils ont peur de nous. Celà pourrait nous sauver... ou nous tuer.

Naya soupira et essaya d'ordonner rapidement ses idées

Dans tous les cas, nous allons devoir nous confronter à eux. Ses embryons sont d'une importance capitale et doivent leur être repris. Et si nous nous y prenons de la bonne façon, peut-être pourront-ils nous aider.

Enclanchant le communicateur elle murmura avec rapidité

Sergent Streton, il semblerait que votre sieste soit compromise. Réveillez votre homme et rejoignez-nous. Nord-Est, 600 mètres. Et tachez d'être discret. Si le Lieutenant-Colonel s'aperçoit de quoi que ce soit, je vous dirais ma façon de penser. Terminé.

Se tournant vers Bobcko, elle ne put s'empêcher un léger sourire en voyant son air éberlué face à ce qu'il voyait. Puis, reportant à son tour son attention sur le groupe de Kyehens, elle se laissa absorber à son tour par le son des percussions. Naya n'était guère ethnologue, pourtant la scientifique en elle ne pouvait s'empêcher d'être fascinée par ce qu'elle contemplait. Elle murmura doucement.

Les Kyehens sont une espèce réellement intéressante. D'extérieur, ils ressemblent au plus primitif des animaux, même s'ils sont bipèdes, et pourtant... regardez... écoutez. Leur population semble être organisée de façon hiérarchique et ces percussions... c'est étrange et envoutant mais... c'est beau aussi vous ne trouvez pas?

- A vrai dire commandant, je trouve juste que cela ressemble énormément aux soirées qu'organise ma fille ... En moins dangereux.

Répondit Bobcko d'une voix qui trahissait une certaine dose de curiosité, il n'avait jamais rencontré cet espèce et malgré vingt ans de services dans l'infanterie, trois blessures de guerre, deux médailles et quarante-deux batailles à son actif, il gardait devant ces créatures un regard émerveillé comme les enfants. Meme si il avait conscience que cela n'était pas ça qui le sauverait de ces créatures.

L'appel de Naya réveilla le sergent Streton alors en plein sommeil ... Maugréant dans son réveil forcé, il dit :

- Bien commandant, on arrive. Terminé.

Son comparse ne s'était pas encore endormi. Ils se servirent d'un datapad pour trouver une stratégie qui pourrait tromper leur officier supérieur. Enfin, Streton dit :

- Mon lieutenant-colonel, on a entendu un bruit suspect pas loin, on a remarqué qu'il devait y avoir trois ou quatre bonnes bouteilles de whisky dans le camp des prisonniers. Je sais qu'on est pas censé boire durant le service mais ça vous dirait ?

- Ouais ! Grave ! Allez me chercher ça en vitesse ou je vous flanque au pain sec et à l'eau pendant trois jours. Plus la corvée de patates que vous n'aurez pas le droit de bouffer après.

Les deux militaires sourirent et descendirent du toit, marchant tranquillement durant les premiers mètres, jusqu'à etre hors de vue du Lieutenant-colonel O'Dean. Enfin, ils commencèrent à courir pour rejoindre les deux autres qui étaient manifestement dans la merde.

Naya sentit un sourire se dessiner sur ses lèvres.

Je doute qu'il y ait quoi que ce soit de dangereux dans ce que nous voyons soldat. Du moins... pour le moment.

Puis la scientifique reprit son sérieux et regarda derrière elle. Toujours aucune trace des deux militaires...

20 minutes pour trouver comment berner la bête et 5 minutes pour nous rejoindre au pas de course... non mais j'vous jure...

La jeune femme reporta son attention sur les Kyehens et les observa d'un air pensif. Il existait deux manières de s'y prendre: la bourrin et... la longue et dangereuse.

Ils pouvaient faire un maximum de bruit possible en espérant leur faire suffisament peur pour qu'ils fuient en laissant les embryons derrière eux. Celà leur laisser le chemin libre jusqu'au Nur Vankis, à condition de reprendre leur route la minute suivante. De plus, ils prenaient le risque que les Kyehens se précipitent chez les Cedros, les seules créatures avec lesquels ils sont capables de s'allier, pour ensuite revenir leur chercher des noises... et ils n'étaient absolument pas équipés pour essuyer ce genre d'attaques.

La longue et dangereuse consistait à ce que Naya se mette à découvert et tente de communiquer avec les créatures. Mais en sachant que l'humain était l'ennemi attitré des Kyehens, elle partait déjà avec un handicap. Néanmoins, si cela fonctionnait, ils auraient l'accès libre jusqu'au Nur Vankis avec peut-être même un guide et l'assurance de ne pas se faire massacrer. SAns oublier qu'ils récupéreraient les embryons. Bref, ils étaient gagnants sous tous les aspects.

Sauf si elle se faisait tuer avant d'avoir pu prononcer une seule parole.

Une idée soldat ?

Bobcko observait la scène avec le regard acéré du militaire qui s'attendait à ce que la situation dégénère. Certes les armes de ces créatures n'étaient pas évoluées du tout en comparé des leurs ... Mais leur nombre pallierait amplement cet état de fait et ne mettrait que plus en danger encore les Exodés.

- J'en cherche une d'idée mon commandant. Mais j'avoue que je ne sais pas trop quoi faire ... Tout ce qui me semble possible, c'est d'utiliser l'ensemble des fumigènes dont on dispose ... Mais il aurait en plus fallu que notre objectif soit facile à transporter à quatre personnes, mais ce n'est pas le cas.

Derrière eux apparurent bientôt les deux autres soldats, qui avançaient en faisant le moins de bruit possible. Il regardèrent également la scène ... l'air tout aussi étonné et pressé de trouver un moyen de récupérer leur bien.

Non...

Murmura la jeune femme comme pour elle-même. Des fumigènes? C'était ça l'idée? Elle secoua doucement la tête. Elle ignorait encore comment s'y prendre mais savait au moins une chose: ce n'était probablement pas ces militaires qui lui donnerait la solution.

Naya joua avec la fermeture de l'une de ses poches de veste lorsqu'une idée lui traversa brusquement l'esprit.

Oui... après tout... pourquoi pas...

SOudain, elle se retourna vers Bobcko, qui venait d'être rejoint par les deux derniers soldats.

Aucune action militaire ne pourra nous aider ici. J'ai une idée. J'y vais seule. Vous, restez et observez. Silencieusement ! Si vous voyez que les choses tournent mal, prévenez le lieutenant Colonel. Je vous demanderait simplement de m'accorder le bénéfice du doute avant de l'appeler...

Puis, sans attendre d'avantage, elle se leva et sortit de son abri, s'exposant ainsi directement au regard des Kyehens. Le silence se fit. Brutal. Pesant. Alors, avant de leur laisser faire le moindre mouvements et avec des gestes d'une lenteur calculée, la scientifique ouvrit l'une de ses poches et en sortit... une flûte. L'instrument était grossièrement taillé dans du bois et semblait être plus petit que la moyenne.

Portant l'objet à ses lèvres, Naya se mit à jouer.

Streton, Bobcko et Gasdan sentirent leur coeur bondirent devant le geste totalement inconsidéré de leur supérieur. Dans leurs communicateurs ils émirent tous le même avis : elle était folle à lier cette gonzesse ! Pas étonnant qu'elle s'entende si bien avec le lieutenant-colonel. En attendant si elle se faisait bouffer, ben ... qu'est-ce qu'ils allaient bien lui dire à celui là ? Et surtout se remettrait-il de la perte d'une de ses plus fidèles amies ?

Streton, très stressé (aha jeu de mots *BAF*) par ce problème envoya un message radio au Lieutenant-Colonel :

- Dites moi boss ... Vous en êtes où dans la réparation du HMV ? Juste pour savoir si on continue les patrouilles ou si on se replie ?

Les Kyehens quand à eux regardaient avec un étonnement certain la prestation de l'humaine qui leur faisait face ... Leur flutiste quand à lui émit une mélodie teintée de doute mais encore profondément colérique. L'un de ses congénères sembla s'approcher lance en main, des affaires de Naya. Lui intimant de reculer . Manifestement ils voulaient maintenant s'emparer de ce qu'elle avait laissée choîr au sol. Face à ce mouvement des autochtones, la tension chez les militaires était palpable et le cliquetis imperceptible des sécurités de leurs armes aurait pu résonner dans les oreilles es Kyehens, si ces militaires n'avaient pas étés entrainés à la plus grande des discrétions.

Concrètement, ce serait bientôt un massacre généralisé, si Naya ne trouvait pas une nouvelle solution.

La jeune femme s'arrêta brusquement de jouer et poussa un soupir.

Puisque vous le prenez comme ça...

Murmura-t-elle comme pour elle-même. Puis, reculant lentement des affaires qu'elle avait posé sur le sol, elle se dirigea vers le chariot en bois qui contenait les embryons d'animaux. Les couleurs vives qui s'en dégageait nimba la jeune femme d'une sorte de halo aux couleurs arcs-en-ciel. Si son raisonnement était le bon, ce chariot ne représentait rien aux yeux des Kyehens, tout juste un élément de décoration. Elle pouvait peut-être jouer là-dessus.

Et dans le doute... elle passa sa main au niveau de son ventre, effleurant légérement la lame qu'elle sentait plaquée sur sa peau. Une deuxième dague était également dissimulée contre son tibia. Folle mais pas téméraire non plus la Naya ! Le corps à corps n'était pas son fort, mais en cas de besoin, elle saurait se dégager de cette situation. Du moins... elle l'espérait. Alors, rangeant sa flûte, elle prit la parole.

J'ignore si vous me comprenez, mais je tente tout de même ma chance. Je vous laisse mon équipement et je repars avec ces bocaux de lumière.

Puis, faisant mine de réfléchir un instant, elle sortit sa flûte et la lança sur le tas d'affaires qui gisait devant le Kyehens qui brandissait toujours sa lance. Elle se composa un visage tordu par la douleur, son but étant de faire croire aux Kyehens qu'elle était en train de réaliser un immense sacrifice.

Puis, Naya reprit son masque impassible et attendit la suite des événements. Espérant que les Kyehens se montreraient conciliants...

Dans une petite clairière au beau millieu de la jungle, deux centaines de bras s'agitaient dans tous les sens: une trentaine de keyhens se diputaient.

Il n'arrivaient visiblement pas à se mettre d'accord à propos de ce qu'ils devaient faire de la jeune femme qui se tenait devant eux, ni du butin qu'elle avait amassé à leurs pieds.

Assez vite, trois camps semblèrent se former, chacun représenté par un kye plus remarquable que les autres: Le plus vieux d'entre eux, assis près d'un instument à percussions assez complexe, jouait le rôle de l'arbitre et représentait les indécis rassemblés autour de lui. De temps à autre, il ponctuait les échange par des coups de tambour, comme s'il comptait les points.
De part et d'autre du vénérable percussioniste se tenaient deux autres Kye:
Un petit flutiste particulièrement agressif qui bougeait dans tous les sens et son interlocuteur à la lance, plus grand, plus calme mais dont il émanait comme une aura de puissance et de danger contenus.
Le premier montrait l'humaine sans arret et sa gestuelle ne laissait aucune ambiguité quand à la violence de ses intentions.
Le deuxième quand à lui semblait beaucoup plus intéressé par le petit tas de choses que Naya avait entreposé à même le sol, et il se moquait ouvertement de la colère de son congénère. De temps à autre leurs échanges se passaient de mots et les deux kye exécutaient des arabesques et des déplacement complexes, en une sorte de danse... Le mode de communication de ces créatures dépassait clairement le simple échange verbal.

La dispute allait bon train, et la tension montait, comme l'illustrait parfaitement le jeu du vieux Kye, qui tambourinait de plus en plus fort et de plus en plus vite. Elle était à son comble, et le colosse kye lui même semblait sur le point d'en venir au mains, quand le rythme des percussions changea soudainement, faisant trébucher malgré eux les deux danseurs.

L'ancien cessa de tambouriner et se leva pour prendre la parole, certain que tous l'écoutaient. Il désigna tour à tour les deux opposants de sa tribu, puis l'humaine, son tas d'affaires, le chariot puis à nouveau les deux kye en désaccord. Ses gestes étaient souples et lents mais décidés et sans appel, et il n'eut pas besoin de danser pour se faire comprendre. Sa décision ne semblait satisfaire pleinement ni le flutiste ni le guerrier mais le reste de la tribu semblait à nouveau uni. Tandis que leurs congénères formaient un large cercle autour d'elle, les trois protagonistes de la dispute se tournèrent vers Naya, et le lancier s'approcha lentement, d'un pas décidé. arrivé à moins d'un mètre, il planta sa lance dans le sol, aux pieds de la scientifique, puis recula d'un mètre pour se placer à la même distance de la lance, dans une attitude de défi. Pendant ce temps quelques enfants à six bras déplacèrent le chariot contenant le caisson de stockage pour le rapprocher des affaires de l'humaine.

Putain de merde, mais qu'est-ce qu'ils foutent? murmura Bobcko dans le communicateur.

Et comme pour répondre à sa question, le guerrier Kyehen à la force tranquile mima des explications à l'humaine, avec des gestes choisis et simples: le tas plus le chariot, toi... Le tas plus le chariot, moi... La lance.
Le kye défiait l'humaine explicitement.
Puis il dit quelque chose en croisant les six bras et toute la tribu sembla éclater de rire. Alors, le vieux chef kye -désormais muni d'un nouvel instrument bizaroïde et complexe mélant corde et percussions- commença a chanter et jouer une mélodie reprise par une trentaine de kyehens joyeux formant le cercle autour du guerrier et de l'humaine.

http://www.deezer.com/fr/#music/various/bresil-capoeira-rites-et-invocations-vol-2-42411

Bon... Je suis pas sur de bien comprendre ce que ça veut dire ce qui se passe commandant, mais je suis pas sur de vouloir rester pour le découvrir. -On est prèts: un mot et on tire dans le tas, et vous vous dégagez en récupérant ce que vous pouvez... Grésilla la voix surtendue de Bobcko dans l'oreillette de Naya.

Le guerrier kye attendait l'humaine de pied ferme, un sourire aux lèvres.

Naya ferma les yeux lentement, s'intimant au calme. Ce qu'elle craignait était arrivé. Il réclamait un combat. "Et que le meilleur gagne". Pour avoir étudié l'espèce, elle savait qu'ils respectaient par-dessus tout la force d'un guerrier et sa bravoure... mais elle n'était guère une guerrière. Loin de là. C'était même tout le contraire. Comment avait-elle pu se fourrer dans une situation pareille ? Elle était désormais coincée car elle ne pouvait accepter le combat, mais elle ne pouvait le décliner non plus. Fuir ? C'était au-dessus de son honneur. Les exterminer jusqu'au dernier et reprendre leur dû? Barbare. La scientifique ne pouvait s'y résoudre.

Elle devait trouver autre chose. Et vite.

"Vous restez en position jusqu'à ce que je ne vous ordonne le contraire est-ce bien clair sergent?" Sa voix ne fut qu'un souffle et ses lèvres bougèrent à peine, pourtat sa détermination était sans faille. Elle pouvait trouver une solution à cette impasse. Elle le devait.

Naya rouvrit les yeux. Et s'avança à pas mesurée vers le Kyehen qui lui avait lancé le défi. Elle prit alors la parole d'une voix haute et claire. Quelque part, la jeune femme sentait qu'il la comprendrait.

Je refuse.


Puis, elle prit une profonde inspiration.

Je ne suis pas de taille et aussi fort que mon honneur et mon orgueil me poussent à accepter ce défi, ma raison sait que je ne l'emporterais pas. Je refuse de fuir ou d'utiliser tout autre méthode qui serait déloyale et qui insulterait votre force et votre dignité.

Je vous respecte.

Pour vos traditions et votre courage. Mais proposer un tel défi est indigne de vous. Car vous savez que je ne suis pas de taille face à votre champion.

Alors tout ce que je peux vous proposer qui soit à la hauteur de votre honneur, c'est une promesse.

La promesse que nous vous laissera vivre en paix. Car si vous savez que je suis une proie facile, je suis persuadée que vous savez également que vos guerriers ne feront pas le poids face à ceux de mon peuple.

Nous sommes dans une impasse. Le choix vous appartient.

Voilà qu'elle s'enfonçait encore plus. Bravo pour le cliché de la scientifique pacifique, il fallait qu'elle arrête les séries de science-fiction ! Mais bon après tout, au point où elle en était, autant tenter le tout pour le tout. Elle était prête à assumer ses erreurs.

Naya s'avança alors lentement et entoura avec ses doigts la lance fermement plantée dans le sol. Elle posa alors ses yeux sur le Kyehen qui lui avait lancé le défi. Leurs regards s'affrontèrent durant quelques secondes qui permirent à la jeune femme de transmettre un autre message.

Elle était prête.

Et elle n'avait plus peur.

Les kyehens n'avaient rien compris aux mots de l'humaine mais à son ton, ce devaient être des mots qui comptaient pour elle. Peut être un serment, ou un engagement. Puis elle avait mis sa main sur la lance et regardé le guerrier droit dans les yeux, sans peur. Ce serait un beau combat. On appréciait l'honneur dont elle faisait preuve.

Le duel commençait. Le rythme se modifia en conséquence, les témoins cessèrent de chanter le défi pour laisser les combatants chanter à leur tour le courage, la sueur et le danger. https://www.youtube.com/watch?v=u7FPL3J0-ng&feature=PlayList&p=9451ABCD82B6DB68&playnext_from=PL&index=9&playnext=1

K°ÿshe avança calmement jusqu'à la lance et, tout en posant une main sur la lance il dirigea ses autres mains vers son propre corps pour montrer qu'il révélait son nom: K°ÿsshe.

Et merde! pesta quelqu'un dans l'oreillette de Naya.

Bien sur, K°ÿsshe était très avantagé face à cette pauvre créature qui n'avait que deux bras, mais il ne vuolait pas l'insulter et refusant le défi qu'elle semblait lui lancer de prendre la lance.
Néanmoins, afin de prouver sa valeur à son clan, il croisa quatre de ses bras, s'infligeant ainsi un handicap équivalent à celui de son adversaire.

Dans un mouvement souple et vif comme le serpent, K°ÿsshe tenta de faucher les jambes de la deux-mains. Elle esquiva son attaque mais fut assez surprise et déséquilibrée pour qu'il puisse prendre l'arme. Le guerrier fut surpris: cela lui avait semblé un peu trop facile... Craignant un feinte, il se propulsa en arrière, tourna sur lui même et frappa d'estoc.
Là encore, deux-mains esquiva mais de justesse.
K°ÿsshe voulut en avoir le coeur net et enchaina une série d'attaques simples, de plus en plus basiques, afin de voir quel était le niveau de celle qu'il combattait.
Elle ne fit qu'esquiver et parer, encore et encore, tant bien que mal.
(corps à corps niveau delta contre un guerrier de clan armé, j'estime que tu ne peux pas faire grand chose de mieux.)

mais au bout d'une minute, désolé d'avoir à défier une combattante si médiocre à ses yeux, K°ÿsshe en vint à faire une erreur en sous-estimant la deux-mains. Naya, n'écoutant que sa hardiesse, profita d'une attaque basse pour coincer la lance avec un pied et se laissa tomber dessus pour la briser; puis sentant sa dernière heure venue maintenant qu'elle était à terre, elle jetta en rugissant ses pieds vers le ciel et le kyehen redoutable qui la surplombait.

K°ÿsshe, surppris, reçut sa pointure 39 de plein fouet. Le choc, tant physique que psychologique, donna à Naya le temps de s'écarter, se relever et dégainer ses deux canifs, le tout dans une même pirouette rageuse et essoufflée.
K°ÿsshe n'en revenait pas. Des armes cachées? Interessant: pour faibles qu ils fussent, les deux-mains roses n'en recelaient pas moins des surprises. déployant ses six bras, il la rejoignit en un balet gracieux, frappant de partout à la fois comme une nuée d'insectes. Naya fit ce qu'elle pouvait. Elle esquiva et para certains coups, encaissa les autres et tacha d'utiliser ses couteaux pour lui donner l'avantage.

K°ÿsshe finit par la faucher avec sa queue tout en la projettant avec ses mains. Naya vola sur quelques mètres et le choc de l'atterissage coupa le souffle de la scientifique mais sa lame était rougie du sang du guerrier kye, car elle avait réussi à frapper un de ses bras avant de voleter dans les airs.

C'est ainsi que, le souffle court, se remettant difficilement debout, les yeux brumeux, Naya entendit la musique changer une fois de plus de rythme .
https://www.youtube.com/watch?v=chwADnoFDng&feature=PlayList&p=9451ABCD82B6DB68&playnext_from=PL&index=16&playnext=1

Recouvrant au bout de quelques secondes une vision plus nette, Naya vit K°ÿsshe qui souriait, tout en léchant sa blessure. A ses côté, le vieux chef de tribu kye applaudissait avec deux mains tout en jouant avec les autres.

Aussi invraissemblable que cela puisse paraitre, l'humaine avait remporté le défi, prouvé sa valeur et gagné le respect de quelques kyes.

Les enfant kyehens apportèrent le butin convenu devant une Naya Galandrix qui semblait sous le choc. Moinsn d'une minute plus tard, sans plus de cérémonie, la tribu hexamane avait disparu, partie dans la forêt sans laisser de traces.

Wow... ça va commandant? demanda un soldat qui l'avait rejointe.
On fait quoi maintenant, on les suit? Si ça se trouve, ces créatures ont encore plein d'autres trucs à nous chez eux...

Naya ne répondit pas tout de suite au sergent, tant pour masquer la faiblesse dans sa voix que pour retrouver son souffle. Toujours sous le choc de ce qui venait de se passer, elle entreprit de ramasser sa veste et de remettre ses armes à leur place. Puis, elle se pencha pour récupérer la petite flute. La contemplant longuement en la faisant tourner en douceur entre ses doigts, elle finit par la ranger à son tour.

Son corps tout entier la faisait souffrir. La jeune scientifique n'était guère une guerrière et elle avait pris conscience de la témérité de son geste à la seconde où le combat avait commençait. Une pensée s'était imposée en elle: elle n'avait pas l'ombre d'une chance et allait mourir au beau milieu de la jungle, sous le regard des soldats qui avaient reçu l'ordre de ne rien faire. Mais c'était manifestement sans compter sur le sens de l'honneur des Kyehens qui étaient décidément beaucoup plus développé que chez les humains. Tout en se promettant de s'intéresser en profondeur aux différentes espèces peuplant esperanza, Naya se tourna vers Bobcko.

On ne fait rien du tout. Ils ont respecté notre part du marché, à moi de respecter la mienne. Et puis, je doute qu'ils aient réellement autre chose qui nous appartiennent. Les lumières des bocaux les ont attirés mais il n'y a rien d'autre à ma connaissance qui puissent leur servir à nouveau de lampe de chevet...

Sa voix avait repris sa fermeté habituelle et si son corps la faisait toujours souffrir, elle n'en montra rien.

Prenez les échantillons et rentrons au campement. Je ne vois pas ce qu'on pourrait faire d'autre ce soir. Avec un peu de chance, le lieutenant-colonel O'Dean aura fini ses réparations.

Puis, aussitôt dit, Naya pris la direction du campement d'un pas assuré, avec pour seule pensée à l'esprit: elle avait survécu à cette épreuve mais ne passerait pas la suivante. Wyrd allait la tuer.

Les réparations allaient plutôt bon train pour le lieutenant-colonel, il semblait que son assistante s'était endormie dans l'habitacle ou sur le toit ce qu'il pouvait tout à fait comprendre. Néanmoins cela ne l'arrangeait pas réellement, il devait être maintenant deux fois plus vigilant sur l'espace qui l'entourait et en plus être sûr de ne pas saloper le travail.

Cela faisait une bonne heure voire plus qu'il travaillait là dessus, certes la dose de drogue qu'il s'était envoyé allait le faire tenir un bon moment, mais après il ne servirait pas à grand chose non plus, il lui faudrait une bonne nuit de sommeil pour s'en remettre. Tout cela allait être vraiment pénible, vraiment. Mais il faudrait faire avec d'autant que les hommes qui étaient là avec lui étaient parmis les plus qualifiés qu'il connaissait.

Alors qu'il venait de remettre en place le système hydarulique principal, il vit une lueur s'approcher au delà des arbres. Le grade haussa un sourcil interrogateur envers cette chose qui se ramenait, ils n'avaient pas autants de torches les autres ... Dans le doute il rentra dans le HMV et ferma les portes et hublots. Les systèmes principaux étaient opérationnels et il bacula l'énergie vers la tourelle. Y montant il prit les commandes du fusil plasma léger et des quatre roquettes qui l'accompagnait. La tourelle tourna dans un grand bruit mécanique et il bascula l'affichage en rayonnement nocturne ...

- Mais qu'est-ce qu'ils me ramènent ?

Naya était encore sous le choc de sa rencontre avec les Kyehens. Elle marchait à l'avant du groupe, laissant aux militaires le soin de déplacer les échantillons aux mille couleurs. Les récents événements auraient des conséquences sur l'avenir, c'était certain. Mais lesquelles... la était réellement la question. Les répercussions seront-elles bénéfiques ou ne feront-elles qu'atiser la haine des Kyehens envers les humains, Naya l'ignorait. Mais elle avait pourtant le sentiment qu'elle le découvrirait bien assez tôt.

Plongée dans ses pensées, la jeune femme entendit néanmoins la tourelle du HMV se mettre en marche, preuve que Wyrd les avait entendu arriver. Elle déboucha sur leur campement d'un pas vif

Sympa l'accueil, ça fait toujours plaisir...

La scientifique fit signe aux militaires de s'occuper de ranger les bocaux puis elle s'approcha du HMV et, levant la tête, elle cria

J'espère au moins que tu as avancé sur les réparations ou tu t'es contenter de faire joujou avec les armes?

Manifestement ils avaient trouvés dans la jungle qui les entourait, peut être quelque chose qui était tombé du Nur Vankis en perdition ? C'était après tout extrêmement probable quand on y repensait, mais ce qui laissa le lieutenant-colonel plus circonspect était l'air plus qu'alerte de deux de ses soldats ... Naya quand à elle arriva et était totalement ébouriffée, semblait même exténuée. Wyrd lui pétait la plus grande forme suite à l'injection de drogue qu'il s'était fait. Elle le remercia de cet accueil chaleureux ... En même temps c'est vrai qu'avec un lance-plasma, l'accueil est toujours quelque peu chaleureux c'est plus que certain. Il s'extraya pour sa part de la tourelle pour se poser sur le toit histoire de ramasser un ou deux outils qui traînaient dans le coin, alors que sa consœur lui demandait si il n'avait rien glandé. D'un voix plutôt sèche, il lui répondit :

- En tout cas à ce que j'en vois vous n'avez pas chaumé, qu'est-ce que c'est exactement que ce truc ? Et où était-ce ?

Loin d'être un parfait idiot, il voyait plutôt derrière les piques de Naya lancées contre son amour-propre un moyen d'essayer de dissimuler quelque chose. Souvent c'était ainsi que les gens mentaient, en changeant de sujet très rapidement. Descendant enfin dans l'habitacle il ouvrit la porte et sortit du véhicule pour aller voir de plus près l'engin. Manifestement c'était un gros cylindre pleins de tubes qui émanait une puissante lumière, signe que de l'énergie se trouvait encore à l'intérieur. Intrigué par cet équipement scientifique qu'il ne connaissait pas, le lieutenant-colonel se retourna vers son amie et lui dit d'un air plus détendu :

- C'est moi ou avoir trouvé cela est une bonne nouvelle pour nous ?

Naya lui adressa un sourire éclatant et qui se voulait... non, qui était convaincant puisqu'elle était tout de même ravie de leur trouvaille. Elle savait qu'elle allait devoir se montrer vigilante car il n'y avait pas mieux que Wyrd pour détecter les bobards... d'autant plus que la jeune femme savait pertinament que les soldats feraient bientôt leur rapport à leur commandant... sans rien oublier.

Ceci, mon cher,déclara-t-elle en montrant les bocaux d'un geste théâtrale, est le début de notre salut !

Ce sont des embryons de tout genre et de tout espèce. Je désespérais même qu'ils aient survécu au crash pour tout te dire ! Mais apparemment, les miracles sont encore possibles...

Du même coup, nous avons une direction pour le vaisseau ! Elle est pas belle la vie ?

Ainsi chaque tube renfermait le génotype d'une espèce ayant vécue sur terre ? Les pupilles du lieutenant-colonel s'écarquillèrent à l'orée de cette révélation tout aussi soudaine qu'inattendue. Il jeta un coup d'œil à ses hommes et ceux là même semblaient avoir compris l'importance d'une telle découverte pour la continuité de leur survie ici. Wyrd était sûr que s'il avait été un scientifique il aurait bel et bien pu en pleurer de joie. Mais à la place ce fut d'une voix malgré tout serrée par une certaine émotion qu'il répondit à l'ensemble des personnes présentes autour de cette machine :

- C'est l'agronome en chef Viktorovna qui sera contente. Professeur Galandrix, combien de temps estimez-vous que cet appareil puisse tenir sans apport d'énergie supplémentaire ? Et combien de ce genre de machines pouvons-nous estimer trouver là bas ?

Wyrd n'était pas dupe, ils n'avaient là qu'un simple HMV qui ne pourrait pas transporter tout ce qu'ils pourraient trouver dans la carcasse du Nur Vankis. C'était malheureux en soi, mais c'était plus que réel, ils devraient revenir avec un escadron de trois patrouilleurs Ulysse pour n'espérer que pouvoir faire des chargements intéressants. Mais c'était déjà une bonne trouvaille, ça et les archives, autant dire qu'ils allaient certainement finir par risquer d'être extrêmement chargés. Se retournant vers Naya il reprit d'une voix cette fois purement ferme et demanda :

- Maintenant, quelles furent les conditions de récupération de cette trouvaille ?

Il aurait tout aussi bien pu demander à l'un des soldats de lui dire ce qui s'était passé mais cette solution de facilité ne lui correspondait pas, au plutôt n'avait aucune chance de ne pas provoquer un conflit ouvert entre lui et son amie. Et ils n'avaient pas besoin de cela en ce moment, alors autant être direct.

Naya jeta un regard sombre vers Wyrd à l'énoncé de sa dernière question. Elle savait parfaitement qu'elle aurait fini par lui rendre des comptes mais le faire de cette façon-là, sous forme de rapport ordonné par le "lieutenant-colonel O'Dean" la rebutait. Elle avait toujours détesté cette manière de faire de Wyrd, qui lui montrait clairement qu'elle n'avait pas le choix.

Tout d'abord... commença-t-elle avec fermeté l'énergie ne sera pas un problème. Ces embryons et cet assemblement dans lequel ils se trouvent a été spécialement conçu pour pouvoir survivre en autonomie. L'énergie est tirée des embryons même, et tant qu'ils sont toujours en vie, l'énergie circule.

Pour ce que l'on pourrait trouver sur le Nur Vankis... hier j'aurais dit pas grand chose, mais à présent, j'ai l'espoir que l'on récupère bien plus que ce que l'on croyait. Et oui, l'agronome en chef Viktorovna sera contente.

Puis, elle continua avec sa voix professionnelle, c'est à dire sans tonalité particulière et avec un calme effroyable

Quant aux conditions de récupération de ce trésor, lieutenant-colonel Wyrd, demandez-les aux Kyehens qui le possédait.

Naya s'arrêta là et le regarda avec un air de défi. Au diable le respect des convenances, il voulait des informations? Qu'il aille se les trouver ! La jeune femme ne regrettait pas le moins du monde le danger dans lequel elle s'était mis.

Il savait bien que ce genre d'échanges respectueux et très formels avaient le don particulièrement aiguisé de faire sortir Naya de ses gonds. Mais c'était aussi le moyen le plus expéditif pour qu'elle lui dise ce qu'il s'était passé et au moins si elle le mettait en colère, il n'aurait pas à regretter de lui gueuler dessus.

Elle répondit que l'énergie était interne et que l'énorme capsule de contention des embryons tiendrait tout à fait le coup. Il lui semblait même disait-elle que l'on pourrait trouver beaucoup de choses sur le Nur Vankis, ce dont elle avouait avoir douté dans un premier temps. Wyrd lui même avait douté de la pertinence de cette mission mais il semblait néanmoins que c'était tout à fait censé de les avoir envoyer en reconnaissance maintenant. Encore une fois il se demanda pourquoi cet objet était aussi loin de l'épave ? Mais la réponse vint bien vite et surprit Wyrd malgré l'habitude qu'il avait que Naya se mette dans des situations impossibles ...

L'air de défi qu'elle arborait ne démonta pas Wyrd qui la regarda avec un certain amusement et en même temps un regard qui demandait d'arrêter la petite dispute car cela risquait d'être contre productif.

- Bien. Je n'ai pas entendu de coups de feu et pourtant au vu de tes cheveux y'a eu une belle bataille. Qu'est-ce qui s'est exactement passé ?

Demanda t-il sans inquiétude mais avec une certaine tension, il se demandait surtout pourquoi les militaires n'avaient pas faits de rapports à leur supérieur, c'est à dire lui même.

Naya surprit le regard en biais que Wyrd jeta à ses hommes et elle reprit d'une voix calme en se mettant entre les militaires et lui.

J'ai demandé à tes hommes de rester en dehors de tout cela, je ne voulais pas ça tourne en boucherie.

Puis, elle scrupta du regard son ami. Elle connaissait Wyrd et elle savait quelle réaction il aurait en racontant toute l'histoire. Il allait d'abord lui hurler dessus pour avoir pris autant de risques, ensuite, il hurlerait sur ses hommes pour ne pas l'avoir protégé puis, finalement, après avoir boudé pendant quelques heures, il viendrait la voir en lui disant qu'il était désolé. Qu'elle n'était pas une militaire, qu'elle n'avait en aucun cas la formation pour agir d'une manière aussi inconsidérée et qu'elle ne devait jamais lui refaire un coup pareil.

La jeune femme poussa un soupir. Mais se tut. A une autre époque, peut-être aurait-elle accepté de supporter ce genre de condescence ou plutôt "d'esprit protecteur" mais aujourd'hui, après ça, après ce qu'elle avait ressenti tout au long de la journée et de la soirée, elle décida qu'elle n'avait plus à en supporter davantage.

Je n'ai rien à te dire Wyrd. J'ai fait ce que j'avais à faire. J'ai pris la bonne décision en le faisant.

Naya se doutait que son ami ne s'en tiendrait pas là mais qu'importe. Qu'il aille demander à ses soldats de faire leur rapport, ça lui était complêtement égal. Elle n'avait pas de compte à lui rendre. Pas ce soir.

Et avec tout mon respect lieutenant-colonel O'Dean, fous moi la paix.

Puis, elle s'éloigna d'un pas tranquille vers la lisière de leur campement.

La réaction de la jeune femme surprit réellement le lieutenant colonel, il ne s'attendait pas le moins du monde à ce qu'elle réagisse ainsi. Lui n'avait vu dans cette tension qu'une énième petite brouille mais cela semblait avoir prit une toute autre proportion dans l'esprit de son amie. D'un regard interloqué, il consulta ses hommes qui semblaient soudain se trouver épris d'une passion incandescente pour un jeu nommé : Ne pas croiser le regard du chef si on tient à la vie.

Manifestement tout le monde semblait vouloir qu'on l'oublie et que Wyrd ne mette pas son nez dans ses affaires. Soupirant de frustration et d'une certaine dose de contrariété qui ne faisait que grandir, il regarda Streton et dit d'une voix sèche :

- Bon vous me rangez ça dans le HMV, je vais chercher Galandrix et on se taille. Tout est réparé et avec un peu de chance on sera sur site dans les temps. Compris ?

Puis il se déplaça vers la jeune femme qui lui avait très cordialement fait comprendre qu'il pouvait bien aller voir ailleurs si il y était. Cependant il ne pouvait pas se permettre de la laisser partir trop loin, pas pour une question de survie mais bien parce qu'il n'avait pas envie de l'attendre pour qu'ils puissent repartir, ils avaient déjà bien assez de problèmes comme ça. Arrivant à la hauteur de son amie, il laissa passer quelques secondes de silence comme pour mieux peser ce qu'il pouvait dire, il ne savait pas trop quoi penser de tout cela. Mais il valait mieux qu'il remise ces pensées à plus tard, ils étaient en mission. Et même si cela le rendait quelque peu psychorigide, c'était tout ce qui lui importait en premier lieu actuellement. D'une voix calme et résolue, il dit :

- Je comprends que tu veuilles que je te laisse tranquille. Mais tu sais très bien que c'est au dessus de mes forces, je ne peux pas laisser les gens auxquels je tiens tranquilles. Nous allons repartir, viens. Ce n'est pas je pense l'heure et le lieu pour parler de ce différend, on aura tout le temps pour le rêgler une fois revenus à la base.

Naya s'était adossée contre un arbre le temps de se calmer quelque peu. Qu'est-ce qui lui avait pris d'agir de cette manière ? Wyrd était certes quelque peu "autoritaire" -et le mot était faible- dès qu'il se trouvait en mission mais il n'avait fait que demander ce qu'il s'était passé. Après tout, il était aux commandes, c'était son droit. La jeune femme n'arrivait pas à s'expliquer sa réaction.

Naya expira lentement pour reprendre le contrôle de ses émotions. Tout à coup, elle remarqua que sans en avoir pris conscience, elle avait sorti la petite flûte de sa poche et la faisait tourner entre ses doigts.

Au plus profond d'elle-même, Naya était terrifiée. La simple vision de cette flûte lui rappelait qu'IL était quelque part. Et à l'idée qu'elle pouvait tomber sur lui à tout moment... La jeune femme doutait qu'elle puisse le supporter.

Alors qu'elle était occupée à expirer lentement, Naya entendit tout à coup la voix de Wyrd s'élever derrière elle. S'empêchant de sursauter, elle dissimula rapidement l'instrument de bois dans sa veste et se retourna. Elle aurait voulu s'excuser pour son comportement, mais n'en avait même pas la force. Alors, à la place, elle murmura

Il n'y a rien à régler. Retournons à notre mission.

Puis elle partit vers le HMV d'un pas vif.