Mission Nur Vankis I - Aller

La grenade au plasma explosa une fois qu'elle eut touché le sol, dans une grande détonation et une couleur rubis. Très vite des plaintes montèrent des rangs de leurs adversaires.

Certes la grenade avait été lancée à la va-vite, mais avec son effet de dispersion, il en était fini de quatre bagnards. Les hommes de Streton commencèrent à remonter de leur position pour les prendre à revers.

Seuls deux types purent s'en sortir et arriver devant le HMV, pour se faire ceuillir par les armes de Wyrd et Naya.

La jungle se recouvrit rapidement d'un silence encore plus pesant qu'avant, les exodés ayants comme prouvés à des témoins silencieux leur nocivité.

La jeune femme s'était brièvement couvert les yeux lorsque Wyrd avait lancé la grenade mais cela ne l'avait pas empêché de descendre les bagnards qui restaient quelques secondes plus tard. Lorsque le silence envahit la jungle, Naya ressentit un malaise encore plus fort que lorsque l'attaque avait commencé. L'air était malsain ici. Elle le sentait.

S'écartant prudemment de la porte du HMV et regarda les cadavres qui jonchaient autour et fut même à même d'en reconnaître certains... elle s'arrêta brusquement. Elle avait fait la revue de tous les cadavres et il n'était pas là. Naya poussa un soupir sans savoir s'il était de déception ou de soulagement. Secouant légérement la tête comme pour reprendre ses esprits, elle retourna vers le véhicule.

Joli lancer ! Lança-t-elle au sergent toujours perché en haut du HMV. Pas de dégâts ?

- Merci.

Dit-il simplement en rangeant son arme dans le holster. Il redescendit du toit par l'échelle de la tourelle, adressant son regard à Lenora l'espace d'un instant. Il remarqua qu'elle était légèrement blessée et alla saisir le kit de premiers soins.
Dans le même temps, il reprit :

- Moi ca va, mais Rhiley est blessée et le système hydraulique du HMV va demander pas mal d'attention ce soir. Je suis pas prêt d'être couché, c'est moi qui vous le dit.

Naya fit mine de répondre puis, elle tourna la tête vers la jungle, elle s'éloigna rapidement et inspecta les environs à la recherche des derniers cadavres. Ils confirmèrent ce qu'elle craignait déjà. Expirant doucement elle revint sur ses pas en lançant.

Ce n'est pas mon domaine de prédilection mais j'ai quelques connaissances qui te seront peut-être utiles...

Désignant les bagnards qui les entouraient, elle ajouta

J'ai dénombré 12 corps, bien peu par rapport au total des détenus des vaisseaux-prisons...

Wyrd s'occupait de la blessure de Lenora, si elle avait déjà été sur un champ de bataille il l'aurait sortie de l'habitacle mais les cadavres seraient peut être un peu trop pour sa santé mentale.

- Désolé de t'avoir gueulée dessus, mais durant les combats j'ai tendance à oublier la politesse.

Il en finit, le temps que Naya revienne et lui fasse part de ses observations.

- Encore, si ce n'était que ça. On va devoir réparer dans une zone ou les bagnards ont peut être leurs habitudes.

Le lieutenant colonel se tourna vers Streton :

- Déplacez moi les corps et surveillez la zone pendant que je m'occupe de l'hydraulique, voir si c'est réparable.

Naya observa les alentours et hocha brièvement la tête pour approuver son accord avec les dires de son ami.

Si on les déplace à l'orée du campement, les prochains bagnards seront peut-être dissuadé de s'aventurer plus loin...

A peine eut-elle finit de parler qu'elle attrapa le bras d'un des cadavres le plus proche et commença à le trainer dans l'ombre de la jungle, jetant un regard vers Wyrd lui signifiant de se pas laisser Lenora jeter un oeil.

Le soldat acquiecsça à l'échange de signe avec Naya, puis enleva ses harnais retenant son équipement pour être plus à l'aise dans son travail du moment. Il récupéra sa trousse de mécanique et s'installa dans le cockpit pour commencer à résoudre les diagnostics.

- Lenora, le temps qu'ils déplaçent les corps, ne sort pas. J'imagine que ca a déjà été assez angoissant comme ça, pas la peine d'en rajouter.

Les choses s’étaient enchainées rapidement. Les attaquants était morts, tués à coup de grenade et de rafales de balles. Au moins un problème de réglé, même si le déroulement des opérations restait assez flou pour la jeune Lenora.

Maintenant elle se demandait bien ce qu’elle devait faire. Le colonel l’avait soigné et s’était mis à des réparations, et Naya était dehors avec les soldats, en train de faire de la manutention de macchabé… On lui avait conseillée de ne pas sortir tout de suite, et la jeune fille n’avait pas l’intention de désobéir à cet ordre-ci.

Mais il lui fallait de l’occupation, sinon ses chers petits neurones risquaient de craquer et ce n’était pas trop le moment. Relevant la tête de ses genoux, elle s’adressa à son supérieur.

« Je peux aider d’une manière ou d’une autre ? »

Wyrd jeta un premier oeil un peu distrait à Lenora et ses environs proches, voir si il ne pouvait pas lui trouver une occupation quelconque. Mais au vu de sa tête dépitée -et du fait qu'ils n'avaient pas de legos à bord pour les petits- il se reprit et dit :

- Oui, tu vas m'aider. Ca va peut être pas te paraître extrêmement passionnant au départ mais j'aurais besoin de ton aide au niveau mécanique ...

Devant l'air perplexe de l'archiviste il eut un léger sourire et reprit :

- Je vais t'apprendre à réparer tes erreurs d'il y a une dizaine de minutes. Déjà, comment as tu procédé exactement ?

Et maintenant une formation en mécanique… Ce voyage regorgeait de surprises,décidement… Mais bon en l’état, toute occupation était bonne à rendre et puis ce ne serait pas inutile. Lenora se rapprocha donc de son chef et entreprit de lui décrire les gestes qu’elle avait effectuée.

Humm. J’ai mis le véhicule en marche, avec ce contacteur là en le tournant à fond. Ensuite, je crois avoir touché au pilotage de la tourelle, mais je n’ai pas réussi à la faire tourner. Et puis j’ai manipulé en même temps ces deux boutons et manettes là, celles marquées Emergency et Rescue. Logiquement c’est tout.

S’asseyant sur les talons, l’archiviste promue aide-mécano attendit le verdict et les instructions qui n’allaient pas manquer de suivre.

Naya finissait de tirer le dernier cadavre de prisonnier à la frontière de leur campement. Elle le laissa bien en évidence entre deux arbres et se redressa pour s'étirer afin de diminuer la douleur lancinante qui s'était éveillée le long de sa colonne vertébrale. La jeune femme regarda autour d'elle et pu, malgré l'obscurité, admirer la beauté de la jungle qui l'entourait. La végétation y était très dense et rendait tous les sons produit par le vent ou les animaux, beaucoup plus feutré, comme un murmure. Appréciant l'air frais qui s'engouffrait dans ses poumons, elle ferma les yeux quelques instants pour goûter à la majestuosité de l'endroit où elle se trouvait.

Un léger bruit la sorti brusquement de sa méditation et elle brandit son arme vers l'endroit d'où il provenait.

Vous avez de bons réflexes Professeur Galandrix mais j'aimerais ne pas en faire les frais...

Naya garda la silhouette en joue et répondit d'une voix sèche.

Et vous, vous devriez aiguiser un peu plus les votres.

Elle expira lentement et baissa son arme.

Pas de casse Sergent Streton? Et vos hommes?

Le sergent s'avança lentement, jetant un regard méfiant sur l'arme que la scientifique tenait toujours fermement dans sa main.

Quelques blessures superficielles, pas de quoi ameuter les mouches. On a retiré tous les corps du campement et les avons mis bien en évidence, histoire de nourrir les éventuels prédateurs et de dissuader leurs collègues de tenter autre chose.

La jeune femme approuva ces paroles d'un bref hochement de la tête et ajouta

Soyez aux aguets pendant vos tours de garde, vous aurez probablement remarqué que la flore qui nous entoure a tendance à couvrir beaucoup de bruit. Je ne vous apprendrais pas votre métier sergent mais on est jamais trop prudent. Je retourne au HMV aider le lieutenant-colonel O'Dean dans ses réparations. Soyez prudents.

Le Sergent Streton fit un bref salut militaire et s'enfonça dans les profondeurs de la jungle. Naya de son côté, reprit le chemin du campement. Arrivée à hauteur du HMV, elle passa sa tête à l'intérieur et lança d'une voix qu'elle tenta de rendre dynamique.

Alors ça en est où par ici ?

Wyrd écouta les explications de Lénora avec une extreme attention, essayant de traduire les approximations dans un langage correct. Mais cependant très rapidement il comprit ce qui n'allait pas dans tout ce foutoir, avec un léger rire plus nerveux qu'autre chose il dit à Lénora :

- Bien, le contacteur ne doit pas etre mis à fond au démarrage de l'engin. Il s'agit d'une propulsion magnéto-dynamique, c'est à dire que deux aimants inversements polarisés sont dans le moteur, engagés en rotation et l'énergie magnétique déployée par leur confrontation fait avancer la machine. Cependant ce système ne peut pas passer de zéro à cent tours/minute en une seconde étant donné que dans ce cas le champ magnétique serait trop instable.

Sachant que c'était un peu compliqué quand meme toutes ces explications, il s'aida du plan du HMV sur un cadran.

- Ensuite, le système de pilotage de la tourelle n'est utilisable qu'à partir de la tourelle elle-meme.

Se retournant, il lui montra la tourelle et continua son explication.

- Tu vois après l'échelle il y a deux reposes-pieds, eh bien; ils ont de plus une autre fonction : faire pivoter la tourelle. En appuyant un peu plus sur l'un d'entre eux tu la fais tourner dans son sens. Maintenant, la principale erreur que tu as faite, mais en meme temps tu ne pouvais pas savoir cela. L'emergency désigne l'ouverture urgente de la tourelle en effet, mais la rescue est utilisée lorsque le véhicule doit etre évacué, en utilisant les deux en meme temps tu as fait peter le circuit hydralique du véhicule.

Voilà, ce cours rébarbatif était déjà une punition en soi pour les erreurs de jeunesse de l'archiviste, mais si elle avait retenu cela elle pourrait s'y retrouver à l'avenir. Tout en lançant un diagnostic électronique pour déterminer si une fuite existait dans le conduit hydraulique, Wyrd repensa au combat et à leur presque défaite. Au final les bagnards n'avaient rien à perdre .... Contrairement aux exodés. C'était bien là un de leurs problèmes majeurs. Naya fit par la suite irruption dans le cockpit, avec une voix masquant un trouble assez profond pensa le lieutenant-colonel.

- On en est à la fin du cours et au lancement du diagnostic électronique. Lénora, surveille le et préviens moi si il indique une fuite, moi je vais tout de meme faire une vérification visuelle du circuit hydraulique principal.

Il prit une lampe torche et sortit du HMV en essayant de ne pas bousculer Naya au passage, bref en se faxant contre la paroi du HMV parce que l'entrée de ces trucs n'était pas faite pour laisser passer deux personnes. Puis il s'allongea dans l'herbe et commença à ramper en dessous du véhicule. Allumant sa lampe-torche, il commença sa vérification visuelle.

Lorsque Wyrd sortit du HMV, Naya se retourna et s'assit sur le rebord de l'entrée. Elle posa ses coudes sur ses genoux et se pencha vers Wyrd -ou plutôt vers ses pieds vu que c'était la seule chose qui dépassait du véhicule- et commença son rapport.

Streton et ses hommes ont ramené tous les cadavres aux abords du campement, ça devrait nous protéger des prédateurs et des éventuels bagnards qui traineraient encore dans le coin.

Ils se relaient deux par deux pour des tours de gardes mais il faudra tout de même garder l'oeil ouvert... enfin surtout les oreilles. Cette jungle étouffe tous les sons.

Bon tu as besoin d'aide sinon ?

Sous le HMV, Wyrd était tranquille. L'herbe moelleuse et grasse aurait fait un bon matelas mais il n'était pas là pour ça et le savait bien. Malheureusement. Il écouta Naya avec attention, du moins toute l'attention qu'il put lui accorder. D'une voix etouffée par sa proximité avec le chassis en métal de l'appareil il répondit :

- En effet, mais de toute façon si l'on fait des tours de garde deux par deux, il faudra forcément qu'on s'y colle vu qu'ils ne sont que trois.

Aucune fuite visible, donc si le diagnostic électronique en signalait une, il faudrait ouvrir une partie des plaques de blindage pour la trouver ... Cela pourrait prendre des jours. Maussade, Wyrd s'extirpa de sa cachette en utilisant la technique secrete de l'anguille. Puis se relevant avec un léger sourire sans joie il reprit :

- Oui, j'aurais bien besoin de ton aide. Je crois que nous risquons de rester bloqués là une journée complète, peut etre plus. En tout cas dans le meilleur des cas on redémarre au matin. J'aurais besoin de toi de toute façon, mais là il faudra que quelqu'un prenne le commandement le temps que je répare tout ça avec la plus grande des rapidités.

Il tourna son visage vers son amie, s'assit à coté d'elle en lui posant une main sur son épaule et eut un léger sourire las.

- A vous de jouer, Commandant d'expédition. Parce que là, sans vouloir etre pessimiste ... On est pas dans la merde.

Naya écouta la réponse de son ami et retint un soupir. Une journée ! Ils n'avaient pas tout ce temps ! Il fallait qu'ils récupèrent les archives du Nur Vankis et repartent rapidement. Il le fallait. La jeune femme le sentait. Ils ne pouvaient s'attarder dans cette jungle. Surtout avec... les évadés.

Elle posa son regard sur le pistolet automatique qu'elle tenait toujours dans sa main depuis sa rencontre avec le Sergent Streton. Elle remit la sécurité et le rangea lentement.

Lorsque Wyrd l'appela "Commandant d'expédition" elle se retourna vers lui et planta son regard dans le sien. Puis, sans un mot, elle se pencha... et attrapa le fusil d'assaut à l'intérieur du HMV. Se levant d'un bond, elle se tourna vers son ami et lui lança d'une voix calme et mesurée.

Alors tu ferais mieux de t'y mettre maintenant et de limiter fortement ton temps de sommeil parce que plus vite on partira de là, mieux ça sera. Tu ne t'occupes de rien sauf de tes réparations. Je m'occupe de surveiller nos arrières.

Naya fit sauter la sécurité du fusil et partit d'un pas vif dans les ténébres de la jungle. Avant de s'enfoncer dans la nuit, elle lança par-dessus son épaule

Si tu as besoin de moi... je te conseille de ne pas me chercher. Je suis sur les nerfs ce soir.

La jeune femme esquissa un sourire que personne ne pu voir. Elle repensait à sa "rencontre" avec Streton.

Wyrd baissa la tete en soupirant, il n'avait aucun doute sur le fait qu'elle soit sur les nerfs. Non, réellement aucun il fallait avouer. Se remettant sur ses jambes, il fit le tour du HMV pour ne pas etre vu par les autres. Calmement, il ouvrit la fente sur la jambe gauche de son pantalon et ouvrit le compartiment dans la cuisse de sa prothèse cybernétique. Avec une finesse toute particulière le lieutenant colonel sortit un injecteur couplé à une petite capsule d'un liquide noir. De l'héroine noire exactement, une drogue de combat inhibant le système lymphatique pour empecher le sommeil et booster la noradrénaline qui favorisait la concentration. L'injection se faisait au niveau de l'occiput. Une fois que cela fut fait, il respira un bon coup et laissa la substance agir avant de remettre l'injecteur dans sa cuisse de métal et de refermer la fente du pantalon, il se sentait beaucoup mieux maintenant. Remontant dans le cockpit, il entrprit d'ouvrir le plancher pour mettre à jour le système de maintenance.

- Alors Rhiley ? Quelque chose de grave ?

Dit-il d'une voix plus forte, pleine d'une confiance toute artificielle que lui fournissait l'héroine noire.

Rhiley examinait donc le "Processus 124 de maintenance hydraulique générale" comme le montrait le cadran. Une fois la procédure terminée, elle put se rendre compte qu'aucune fuite n'avait été détectée. Un onglet en surbrillance proposait maintenant soit un test complet du véhicule soit un test du réseau électronique pour trouver l'origine de la panne.

Naya, quand à elle arriva bientot à hauteur des trois militaires qui revenaient d'une zone de patrouille. ALors qu'ils n'étaient plus qu'à quelques mètres, le sergent Streton lui dit :

- Professeur Galandrix, rien en vue à part l'ancien camp des bagnards morts. Ils ont trouvés des plantes comestibles pense t-on, l'un d'entre eux avait pris des notes sur un vieux datapad. On s'est dit que cela pourrait vous intéresser. Quels sont les ordres du Lieutenant-Colonel ?

Naya attrapa le datapad que tenait le sergent Streton et le consulta rapidement. Lorsqu'il lui demanda les ordres du Lieutenant-Colonel, elle reprit son masque de haut-gradé et, relevant la tête, elle lança d'une voix sèche.

Le Lieutenant-Colonel est occupé, personne ne doit le déranger. Désormais, je suis le Commandant d'expédition donc vous prendrez vos ordres de moi et de moi seule.

Sa voix était sans appel et laissait entendre qu'aucune contestation ne serait acceptée. Elle observa les soldats qui lui faisait face et se radoucit quelques peu en voyant leurs visages fatigués.

Sergent, laissez-moi un de vos hommes pour le premier tour de garde et allez vous reposer. Vous en avez fait assez pour ce soir. Y a-t-il autre chose à propos de ce camp de bagnards que vous avez remarqué ? Des noms peut-être ? Ou d'éventuels indices laissant supposer qu'ils ont été en contact avec d'autres bagnards ?

Streton haussa un sourcil quelque peu étonné, Galandrix semblait avoir passé un très mauvais mais alors vraiment très mauvais moment. Ne point réveiller le dragon qui dort, ainsi dit-il :

- Bobcko, tu restes avec le ... commandant, faute de grade plus précis si cela ne vous fait rien.

L'ici nommé Bobcko, spécialiste en armes lourdes, hocha la tete et se détacha de ses camarades pour prendre sa place aux cotés de Naya, qui continua ses questions. Streton soupira de fatigue et répondit ensuite :

- Pas grand chose, c'était un camp de fortune qu'ils avaient dus installer il n'y a pas très longtemps. Mais j'ai cru appercevoir dans le datapad une sorte de journal intime. Seulement je n'avais pas le temps de m'y plonger en pleine patrouille. En tous cas, merci de nous laisser faire un pause commandant, on y va.

Et les deux hommes se rapprochèrent du HMV en silence, avant de décider de dormir sur le toit du véhicule pour ne pas déranger le berserk de la mécanique qui officiait dans l'habitacle.

Un journal intime? Voilà qui devenait plus intéressant... Son esprit déjà parti dans de tortueuses pensées, Naya n'écouta que d'une oreille ce que lui racontait le sergent Streton. Lorsqu'elle les vit partir, elle sortit un peu de sa réflexion.

Bobcko, partez surveiller l'autre côté, s'il y a le moindre problème, vous me contacter. Soyez prudent soldat.

Puis, elle alluma le datapad et se prêta plus attention au soldat. Se calant contre un arbre, resta aux aguets tout en se plongeant dans la lecture du journal intime qu'avait mentionné le sergent.

Jour 0 de la nouvelle ère:
Un crash! Il ne manquait plus que ça ! Mais bon, au moins nous avons atteint esperanza... et apparemment les vaisseaux-prisons se sont écrasés à l'écart des vaisseaux principaux. Nous sommes libres ! C'est une nouvelle chance pour nous, une chance de nous refaire une vie. Maintenant, il faut espérer que les exodés ne retrouvent pas notre trace...

Jour 5 de la nouvelle ère:
J'ai acquis une place importante dans l'organisation des bagnards, une première! Mais il faut croire qu'un géographe devient tout à coup bien utile lorsque l'on s'érase sur une planète inconnue... mais qu'est-ce qu'ils sont chiants! Il y a pas un pour rattraper l'autre. Il faut dire que la plupart sont des délinquants de petite zone, des voleurs à la sauvette... des épaves la plupart du temps. Gasdin par-ci, Gasdin par-là... parfois je regretterais presque la tranquilité de ma cellule. Mais les ennuis ne font que commencer... d'autres bagnards nous ont rejoint aujourd'hui, ils s'étaient écrasés à quelques kilomètres de là... ce sont les plus dangereux. Ils sont dirigés par un homme vraiment étrange. Ou plutôt... franhement effrayant. Il se fait appeler Le Commandeur.

Naya survola quelques pages qui décrivait la construction du camp et l'organisation des tâches. Elle mit de côté quelques passages qui décrivait des bêtes abattues pour leur survie. Peut-être qu'en recoupant les informations, elle pourrait déterminer de quel animal il s'agissait et leurs précédentes recherches pourraient déterminer le secteur dans lequel les bagnards se sont écrasés.

Jour 18 de la nouvelle ère:
Les choses commençent à s'agiter. Je ne sais pas encore ce qu'il se passe mais je doute que ce soit quoi que ce soit de bon. Le Commandeur fait preuve de plus en plus d'autorité et prend clairement les choses en main. Au début, c'était pratique parce qu'il a bien organisé les choses. Nous avons utilisé toutes nos ressources pour rendre l'endroit du crash habitable, nous avons construit des armes pour chasser et avons posé des pièges aux alentours du campement. Mais je n'ai pas confiance. Son regard me fait froid dans le dos. Il ne s'arrêtera pas là.

Jour 25 de la nouvelle ère:
Quand je disais que les ennuis commençaient j'étais loin, mais alors, TRES loin du compte. Ils ont organisés un vote! Un VOTE ! Une belle blague oui! Le Commandeur s'est imposé comme Président et veut fonder une ville. Alors ce prétendu vote n'était là que pour asseoir sa position. Et tout ceux qui ont voté contre... ont été bannis. Nous sommes 12 désormais à errer dans la jungle. Mais pourtant, je ne regrette pas mon choix. Ce commandeur ne m'inspire pas confiance... mais surtout, il est terrifiant.
Alors nous allons survivre. C'est tout ce que nous pouvons encore faire.

Le journal s'arrêtait là. Naya l'éteignit et poussa un long soupir qui se fondit dans le murmure de la nuit.

Tu avais raison Wyrd comme toujours: on est pas dans la merde...

Installée devant l’ordinateur du HMV, la jeune archiviste faisait de la surveillance d’écran, tout en essayant de trier et conserver dans un coin de sa mémoire, au nouveau rayon « Armes et trucs mobiles en tout genre », tout ce que son supérieur hiérarchique venait de lui apprendre.

Penser à plusieurs choses à la fois tout en se droguant aux bonbons était une des rares choses qui la détendait totalement en nécessitant son entière attention qui ne pouvait plus vagabonder. Elle se calmait donc peu à peu et retrouvait sa sérénité dont elle aurait sans doute besoin plus tard.
Lorsque la voix de Wyrd lui parvient, elle se concentra un peu plus sur sa tache principale et répondit d’une voix claire.

Non, Colonel, rien de grave à signaler, ni fuite ni rein d’autre de détectable par le processeur. D’ailleurs il demande des ordres. Vous voulez quoi ? Test complet du véhicule, test du réseau électronique ou rien de tout cela ?

Attendant la suite des ordre, Lenora délégua une autre partie de son cortex cérébral à se demander ce que Naya pouvait bien faire au dehors.

Bien, pas de fuites dans le système hydraulique était une très bonne nouvelle en soi, ils allaient juste devoir remettre en marche les cablages électroniques qui avaient disjonctés. Pour cela, il lui faudrait des fusibles et il en avait sept en tout -trois dans la trousse d'urgence du véhicule et quatre dans sa trousse mécanique personnelle- pour environ quarante fusibles en tout dans un appareil de type. Croisant fort les doigts, il répondit à Lenora :
 
- Test du réseau électronique.
 
Il ouvrit le panneau latéral dissimulant la trousse d'urgence et en exhuma les fusibles, des pièces triangulaires d'une dizaine de centimètres de haut pour une épaisseur de cinq. Attendant la suite il regarda par la porte du HMV, la nuit noire qui avait profondément endormi la zone. Ce genre de calme menaçant ils devraient maintenant s'y faire. Si tout se passait bien ils pourraient redémarrer d'ici deux heures. Au pire il devrait sacrifier des systèmes auxiliaires pour avoir assez d'énergie à consacrer à la fermeture des portes. Pourvu qu'ils n'aient pas en arriver là.

Tandis que Naya se morfondait devant la lecture du datapad, Bobcko la contacta sur le communicateur :
- Commandant, j'aimerais avoir votre avis sur ... Enfin, venez tout de suite. Trois quarts Nord Est de votre position, durant 350 mètres. Terminé.

En arrière fond elle put remarquer des bruits ressemblant à des percussions de l'ancien temps. De plus la voix de Bobcko ressemblait à un murmure plus qu'à un cri de détresse.

Naya sortit de sa réflexion et reprit brusquement contact avec la réalité lorsque Bobcko la contacta. Elle se redressa rapidement et répondit dans un murmure elle-aussi

Je suis en route. Terminé.

Marchant d'un pas vif et pressé tout en essayant de rester discrête, la jeune femme rejoignit rapidement le soldat. Le son des percussions avait augmenté au fil de son trajet et, bien qu'elle ne voyait pas encore leur origine, Naya put repérer Bobcko, dissimulé derrière un arbre et accroupit dans l'ombre. S'agenouillant à ses côtés elle souffla

D'où viennent ses percussions ? Que se passe-t-il?

- Regardez plutot, je crois qu'on a un léger problème.

Devant leurs yeux se déroulait une scène pouvant paraitre invraisemblable aux exodés. Des créatures humanoides d'une apparence reptilienne et pourvue de nombreux membres antérieurs et postérieurs semblaient etre réunis dans un campement provisoire. Ces Keyhens étaient une petite trentaine, écoutant les percussions jouées par celui qui semblait le plus agé. Ils avaient l'air solennel et respectueux envers ce qui semblait etre une musique tribale importante pour leurs croyances.

Bobcko fit signe à Naya de regarder plus vers leur droite, il semblait que la bande ait transporté un chariot de bois trainé par des cordes, sur celui-ci se trouvait quelque chose que Naya connaissait très bien et qui aurait justifié en soi la mobilisation d'une armée complète : un caisson de stockage d'embryons d'animaux terrestres en vue d'un repeuplement. Il brillait de plusieurs couleurs chatoyantes et il semblait clair que les keyhens l'avaient trouvé décoratif. Mais plus important encore, ce genre de matériel n'était contenu qu'à un seul endroit : le Nur Vankis.

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