bureau de Lester Hartmann

Lester resta de longues secondes sans bouger ni dire quoique ce soit. Il voyait son interlocuteur d'un tout nouvel air, et il prit le temps de bien regarder.

Oh... c'est donc à ça que ça ressemble? Deux générations d'enfants des étoiles, soixante ans d'exil supraluminique et des pertes chiffrées en millions de vies humaines... Tout ça pour en arriver Là?!

Lester laissa les larmes lui monter aux yeux, et couler sur ses joues sans plus réagir.

Bakan était visiblement surpris et ne savait pas quoi penser, et ce sentiment d'incompréhension sembla grandir quand Lester prit la parole d'une voix tremblante.

Bakan...je suis désolé. Je suis sincèrement navré pour vous. Je croyais que vous étiez un scientifique médiocre et pédant... pardon, je me suis trompé.
Tout le monde s'est trompé à votre propos, nous vous devons tous des excuses:
...Vous n'êtes pas un scientifique.
C'est terrible que personne ne s'en soit rendu compte plus tôt, au point que vous en soyez réduit à de telles bêtises, être obligé de faire chanter vos semblables pour pouvoir vous trouver une place...

Pourtant je suis sûr qu'en cherchant bien, vous devez avoir des qualités insoupçonnées, vous êtes surement bon quelquepart ! Votre morgue, votre applomb, si ça se trouve, vous pourriez en faire quelquechose d'utile?

Ce discours n'était surement pas celui qu'attendait Bakan. Son visage changea, mais avant qu'il puisse répondre quelquechose, Lester lui colla le cannon de son gunshock sur le bide.

Les yeux du scientifique connu sous le surnom de "clown" continuèrent à couler doucement pendant qu'il tenait Bakan en joue tout en reprenant la parole d'une voix de plus en plus ferme.

Ce pistolet energétique incapacitant de modèle M678, plus courrament appellé "gunshock"- succeptible de projeter 50 unités de décharges energéiques cinétiques capables d'assomer un homme à quinze metrès en moins de temps qu il ne faut pour le dire- ne me quitte jamais. Comme disait mon regretté papa, il vaut mieux en avoir sans en avoir besoin que l inverse, n'est-ce pas?
Bien. Je veux être sur que vous m'écoutez attentivement, Bakan.
J'ai pitié de vous, Bakan. Pitié de vous et de votre avenir. Je suis peut-être un clown, mais vous pouvez me prendre au sérieux quand je vous dit que la fête est finie maintenant. Quand le reste de la base saura cette tentative de chantage, vous regretterez bien assez vite de ne pas avoir mieux choisi votre carrière... et vos victimes. Maintenant dégagez de mon chemin, incapable, ou je vous ferais regretter d'être sorti de votre lit ce matin. Dehors! Et d'ici là que notre chef de laboratoire soit revenu, je vous conseille de vous tenir à carreau... et de réfléchir à votre reconversion.

Lester n'ajouta pas un mot, ne fit pas un geste de plus, le doigt sur la gachète, prèt à tirer à bout portant au moindre geste déplaisant de l'aprenti maitre chanteur en face de lui.

Dès que ce connard aura quité les lieux (debout ou sur une civière) j'envoie une plainte aux services appropriés et je condamne l'accès à mon labo jusqu'à nouvel ordre.
Non mais et puis quoi encore?

La tension était palpable dans la pièce, Bakan ne savait plus trop quoi penser de tout ce qui se passait. Mais il reconnaissait le cran de son adversaire, même si un coup de gunshock pouvait l'assommer ce type n'aurait que peu de répit.

C'est alors que Lester put entendre qu'on frappait à sa porte, lourdement, militairement. Bakan regarda dans cette direction et eut un frisson d'horreur.

Puis la porte s'ouvrit sur deux membres des forces spéciales qui pointèrent immédiatement le militaire trop sûr de lui. Puis entra, sans demander son reste et comme à son habitude lors d'une intervention le Lieutenant Méliès (voir fiche dans personnages prêts à jouer). Elle se planta devant Bakan et dit :

- Soldat, garde à vous.

Il s'exêcuta prestement mais avec un air résigné dans les yeux. Il savait parfaitement où il allait se retrouver maintenant. Le lieutenant Méliès déchira les galons de l'uniforme de Bakan puis fit un signe aux deux autres soldats qui le prirent chacun par un bras. Le lieutenant se tint face à Lester, ses yeux totalements noirs scrutant le scientifique. Elle posa la main sur le gunschock et demanda, par pure politesse :

- Je peux ? Merci.

Et elle tira sur Bakan, deux fois. Avant de rendre son arme à Lester.

- Soldats, emportez le en cellule de contention.

Ils disparurent dans le couloir à leur paquet, tandis qu'elle restait là.

HRP: Euh... Je comprends pas:
* Bakan est un scientifique raté dirigeant l'équipe nord (donc affilié à l armée) en costume d'aventurier, ou un soldat en uniforme avec des galons?
*Bakan et Lester étaient juste devant la porte fermée du bureau (donc dans le couloir?)... par quelle porte sont arrivés les militaires?

Lester regarda les miltaires emmener Bakan comme un vulgaire fétu de paille... tout ceci s'était passé en un instant et le scientifique était pris de court.
Il réprima un frisson en récupérant son arme des mains du lieutenant Mélies.
D'apparence assez menue, la jeune femme aux yeux d'ébène dégageait néanmoins une inquiétante aura de puissance lethale, comme un couteau bien effilé...Jusqu'à sa façon de parler, minimaliste et ne laissant aucune place pour la discution ou la perte de temps...
On aurait dit l'antithèse de Lester, un peu comme un reflet ténébreux et sibyllin du clown.

Cette femme est terrifiante.Impitoyable. "L'Ombre" est fidèle à sa réputation! Comment est-elle arrivée ici avec un timing si parfait? C'est comme si elle s'était tapie dans l'obscurité, prète à bondir sur Bakan au moment propice...

Euh...Hum. Vous arrivez juste à temps, euh... Merci. J'effectue en ce moment des recherches prioritaires et euh... Il semblerait que cela puisse interesser des gens mal-intentionnés. C'est pourquoi je compte restreindre l'accès à mon bureau, qui fait actuellement office de laboratoire personnel... euh. C'est assez gênant mais puis-je vous demander encore de l'aide à ce sujet? la présence d'un militaire fiable et discret devant la porte serait un must, pour sécuriser l'endroit.

Lester avait remarqué que le lieutenant était restée devant lui alors qu'elle aurait visiblement pu repartir comme elle était venue. Il avait espéré un instant que c'était afin que Lester eprime cette requette somme toute logique, mais il avait maintenant comme un doute...

[HRP: Quelque soit son affectation, Bakan a des galons représentant sa fonction hiérarchique (ou un badge, au pire). Et étant donné qu'il y avait une latence sur le fait que vous soyez dans le bureau ou le couloir, j'en ai profité. =P)]

- Ce n'est pas de mon ressord.

Répondit-elle avec une absence de sentiments, un simple constat professionnel. Elle aurait pu rajouter que ce n'était pas elle qu'il fallait demander à la chef du service scientifique en charge des locaux. Mais si il avait un bureau, c'est qu'il devait bien savoir ça. Un petit temps de latence se développa, alors qu'elle le fixait droit dans les yeux, sans émotions.

- Bakan est un raté, rebus des Exodés. Nous passions dans le couloir lors de votre dispute, c'est heureux pour vous.

Cette sermonnade tenait plus de l'ordre que du constat. Sur ce elle adressa un léger salut militaire, jeta les galons (ou le badge) de Bakan dans la poubelle débordée et quitta la salle.

Lester suivit l'Ombre des yeux jusqu'à ce quelle disparaisse completement de vue. Il était comme hypnotisé. Une fois qu'elle fut partie, il s'ébroua comme pour se sortir d'un songe, et rangea le gunshock qu il tenait encore à la main dans son étui derrière son dos.

Bon! Puisque ce n est pas de son ressort, autant faire les choses par moi même!

Le chercheur commença par appeler trois assistants (des étudiants qui le considéraient comme un supérieur hiérarchique et un professeur) à qui il demanda de s'installer devant sa porte.
Il leur expliqua qu'ils auraient pour fonction d'interdire quiconque de non autorisé à franchir sa porte.Pour le reste, ils pouvaient poursuivre leurs propres recherches et compter sur son aide en retour une fois son projet prioritaire mené à terme.
Lester installa ensuite de discrètes micro-caméras au dessus de sa porte, qu il connecta a son ordinateur et à ses lunettes RV.
Il s'enferma par la suite à l'interieur de son bureau. Un délai supplémentaire fut aloué à la création d'un programme pour qu'Alfred sache envoyer de la vapeur ou de l'eau bouillante au visage d'un éventuel agresseur.
On ne sait jamais, même si je souhaite qu'il n y ait jamais à s'en servir.

Après quoi le chercheur lança une nouvelle playlist http://www.deezer.com/fr/#music/vitek/anime-music-experience-272663
et commença a compiler les premiers résultats de ses études.

Les résultats en question étaient plus que prométeurs.
(cf ordinateur)

Lester prit l'échantillon de minerai 93240 dans la main et le regarda longuement. Il commençait à penser que ce galet sombre détenait certaines clés de son futur, ainsi que celui des ses semblables. Bakan avait peut être deviné qu il était tombé sur un gros coup, mais Lester songeait que tous avaient sous-estimé l'importance d'une telle découverte.

Autrement je n aurais pas été chargé de son étude, elle se serait faite avec les meilleurs dans le plus grand secret, sous protection de l armée et ... Oh, merde.

Lester se demanda si tout compte fait Naya ne savait pas pertinemment ce qu elle faisait en lui demandant de travailler seul là dessus.

Une étude discète avec personnel restreint, de quoi n'alarmer personne en attendant qu'elle revienne de la mission Nur Vankis... C'est vrai, ainsi elle peut gagner du temps.

Il repoussa l idée qu elle l'avait choisi comme responsable de ce projet en son intégralité, c'était une responsabilité bien trop effrayante pour qu il s'en enorgueillisse.

Les données conservées dans les archives du Vankis seront nécessaires à plus d un niveau, surtout à une communauté scientifique sur le point de devoir relever les plus grands défis de son existence...

Lester songea que le minerai magnétique ne représentait peut être qu une petite partie du défi en question.

Décidément Esperanza était une planète stupéfiante.

Cette pensée le stimulait. Il crapahuta jusqu'à l'alimenteur et se commanda une bonne pizza.

Il hésita un peu, puis contacta les étudiants qui étaient devant sa porte. Il désigna six autres de leurs camarades -parmis les plus prometteurs et dignes de sa confiance- avec qui ils devraient se relayer afin qu'une garde officieuse se fasse 24h/24.
Pour justifier leur monopolisation, il prétexta son renvoi en commission et leur confia la réalisation pratique et l'étude fonctionnelle approfondie de ses projets précédents, particulièrement en matière de robotique, d'intelligence artificielle et au sujet de son projet de centrale electrique stellaire. Il comptait leur faire étudier à ce propos la possibilité d'utiliser les cristaux E578 pour optimiser la transmission energétique par Laser.
Il y avait bien là de quoi occuper neuf futurs chercheurs jour et nuit, et leur citation à la commission était une motivation en soi.

Voilà, pour l instant ça devrait suffire... si je fais une demande officielle auprès de l'armée pour une surveillance supplémentaire, ça va vraiment faire trop, et on devinera l importance de mes résultats. ça c'est à éviter.

Après quoi, il reprit ses calculs et commença une série de tests qui dureraient sans doute toute la nuit.

(HRP: désolée pour l'attente bureau de Lester Hartmann - Page 2 Icon_redface

...)

L’esprit passablement encombré des mille-et-une inquiétudes qu’elle nourrissait pour ses amis en partance, Irina avait décidé de prendre un peu de temps pour elle, pour une fois, et de faire un détour avant de rentrer aux labos. Il lui fallait absolument retrouver une certaine sérénité avant d’entamer les travaux ô combien importants qu’elle allait devoir mener sur la pierre retrouvée par l’équipe nord. La perspective de travailler avec Lester, rencontré un peu plus tôt, l’enchantait toutefois. Ce garçon avait l’air plus que sympathique et sa timidité et sa maladresse confinaient pour elle au ravissement. De ce fait, et malgré les enjeux énormes que revêtaient leurs recherches, elle ne pouvait se départir d’un certain sentiment d’amusement et d’anticipation fébrile, tout cela promettait d’être follement passionnant ! Après avoir respiré un grand bol d’air, elle se dirigea donc vers les labos, rassérénée et impatiente d’entamer son travail.

Les couloirs pourtant innombrables et tortueux du bâtiment scientifique n’avaient déjà plus de secret pour elle et une fois sur place la jeune agronome ne traîna pas pour rejoindre les bureaux de Lester. Arrivée à l’entrée du couloir qui menait à son antre, toutefois, elle stoppa net à la vue des trois gardes postés en faction devant la porte. Certes il s’agissait d’étudiants et certes ils ne faisaient pas mine d’en bloquer réellement l’entrée, mais un œil averti discernait immédiatement la légère tension dans leur mâchoire et les fréquents coups d’œil furtifs qu’ils jetaient alentours. De deux choses l’une, ou Lester avait demandé du renfort, même informel, par simple précaution ou déjà la rumeur s’était rependue que derrière cette porte se menaient des travaux qui pourraient changer la face de leur vie à tous sur Esperanza. Il ne fallu pas une seconde à Irina pour conclure sans hésitation que la deuxième hypothèse devait être la bonne. Après tout, du peu qu’elle pouvait en juger Lester était tout sauf un imbécile et il lui semblait inconcevable qu’il ait pu commettre pareille erreur, car après tout quoi de pire pour attiser la curiosité indésirable que trois gardes (trois !), fussent-ils étudiants, immobiles devant une porte ? La scientifique fronça les sourcils, le bruit courrait donc et si elle ne s’était pas trompée bientôt des tas de curieux grouilleraient, cherchant à connaître la vérité, persuadés de leur bon droit et de la légitimité de leurs interrogations. La présence de ces jeunes gens prouvait qu’un incident s’était même sans doute déjà produit… Cela n’allait pas faciliter leur travail, ce n’était certes pas un terrain propice à la tranquillité à dont ils allaient pourtant avoir grand besoin dans les jours à venir… Ce constat doucha d’un coup sa bonne humeur et c’est soucieuse qu’elle s’approcha finalement de la garde. Aucun de ces visages ne lui était connu mais dès qu’elle approcha les jeunes gens se glissèrent subtilement entre elle et l’entrée du bureau. Elle redressa les épaules et leur adressa un regard noir, les fusillant de son regard le plus autoritaire.

- Bonjour messieurs, Irina Viktorovna, chef agronome. Je viens voir monsieur Hartmann, il doit m’attendre. Auriez-vous l’obligeance de me laisser libre passage, je vous prie ?

Relevant un instant la tête, elle aperçu les micro-caméras astucieusement dissimulées au dessus de la porte. Décidemment, c’était peut-être même plus grave encore que ce qu’elle avait imaginé… Changeant malgré tout son expression soucieuse en un large sourire, elle fit un petit signe à l’une des caméras et avec un clin d’œil, lui tira la langue. Bon, si Lester avait comme elle l’imaginait relié ses caméras à les lunettes RV, cette satanée porte ne tarderait sans doute pas à s’ouvrir. Elle tourna à nouveau son regard vers les jeunes étudiants qui la regardaient avec un visage empli d’angoisse… Et d’étonnement… Oui, sa grimace ne les avait sans doute pas complètement persuadés de son identité. Visiblement ils ne savaient exactement quoi faire et chacun semblait attendre que l’un de ses camarades prenne la parole pour lui. Ah, les jeunes… Pourvu que Lester l’ait repérée ou elle aurait sans doute à attendre un bon moment encore avant que l’un de ses gamins boutonneux ne se décide à prendre l’initiative de la laisser passer. Elle n’avait pas envie de les bousculer mais le temps pressait à présent.

Lester apperçut tout de suite dans la petite "fenêtre" de ses lunettes RV qu'une silhouette se tenait devant sa porte.

Il zooma et reconnut Irina, mais ne réagit pas tout de suite.
-D'abord, parcequ'il était en train d'éffectuer une manipulation délicate, qui nécessitait un certain degré de concentration.
-Ensuite, pour pouvoir constater comment se débrouillaient ses étudiants: bien sur, il leur avait dit qu'il attendait Irina, mais sans revenir sur sa consigne de ne laisser entrer personne...
C'était un test classique de consignes conflictuelles, comme en robotique. La meilleure des réponses eut été de gagner du temps tout en s'arrangeant pour le prévenir discrètement, et tant qu a faire tenter de vérifier l'identité de l'invitée. Malheureusement, ses ouailles manquaient clairement de pratique, et s'il n'avaient pas fait la bêtise de lui ouvrir grand la porte, ils restaient néanmoins passifs et indécis, comme des pingouins devant un frigo.

Mouais...à leur décharge, ce n'est pas tout les jours qu'on intercepte une femme à la fois aussi belle et autoritaire, dans ces labos. Naya Galandrix, par exemple: on reste plus habitués à lui obéir au doigt et à l'oeil qu'à la contredire. C'est peut-être dommage d'ailleurs, la confrontation est parfois facteur de créativité.

Le chercheur mit de côté sa philosophie du dimanche comme tout le reste le temps de finir son calibrage, et rejoignit Irina à la porte.

Irina, c'est un plaisir de vous revoir! Pardonnez nous pour l'accueil, j'ai demandé à ces étudiants de rester travailler près de mon bureau étant donné qu'ils réfléchissent brillament sur certains de mes propres projets.

Lester vit tout de suite qu'elle n'était pas dupe. Il lui servit donc un sourire en coin pour s'avouer vaincu, et lui céda instamment le passage pour qu'ils puissent discuter à l'intérieur.

Messieurs j'ai observé vos travaux et je vous donne onze sur vingt pour le test de Pariov déclarat Lester aux trois étudiants qui le regardaient, mal à l'aise. l'un deux sembla saisir l'allusion et comprendre le message, car il s'empourpra en regardant Irina. La prochaine fois, ils seront peut-être moins passifs espéra le chercheur en rejoignant son invitée et en refermant la porte.

Vous avez déja repéré les caméras? Vous avez l'oeil. Excusez le manque de place, certaines machines d'analyse sont aussi gourmandes en place qu'en énergie, on n'y peut r... Non, non, Alfred, tout va bien c'est une invitée! S'empressa-t-il d'ajouter en voyant Alfred se ruer vers Irina, prèt à jouer les chiens de garde.

Hum... euh, oui, pardon, c'est qu'on est un peu sur les nerfs en ce moment - thé et gâteux pour deux Alfred s'il te plait - c'est à cause de mes recherches sur la pierre, vous devez vous en douter... Celui qui l'a découverte s'est montré très, euh... cavalier, et mes propres découvertes quant à ses propriétés ( à la pierre, pas à Bakan) hum (Bakan c'est le découvreur), ont confirmé le caractère sensible de tout ceci.
Enfin bref, euh, je suis bien content de vous voir! ça m enpechera peut-être de succomber à la paranoia.

après avoir trouvé une place derrière son bureau, les deux jeunes gens furent vite de nouveau assis et servis par le robot domestique.
Lester lui raconta la tentative de chantage de Bakan, et lui fit un résumé des derniers résultats d'analyses du minerai, chiffres et diagrames de l'ordinateur à l'appui.

Tout ça est extraordinaire, et je n'ai même pas encore fait de tests avec les végétaux. Je regrette de ne pas être versé en pétrologie, je pourrais en comprendre plus sur la nature de ce minerai, sur sa génêse aussi... mais ces savoirs sont peu répandus parmis nous après soixante ans passés dans l'espace. Les archives du Nur Vankis, peut-être...

...A ce propos,j'ai reçu par mémo l'annonce du lieutenant-Colonel Wyrd: vous et le professeur Akira êtes officieusement responsables en son absence? Félicitations, c'est une sacrée promotion,même si c'est informel et momentanné.

Lester remarqua la crispation d'irina à ce sujet, et comprit que la camaraderie qu'elle semblait partager avec Wyrd et Naya n'était pas sans profondeur.Elle s'inquiète pour eux ou refuse de les remplacer, ce qui revient au même...
Mais le clown ne voulait pas embarasser l'agronome, et il fit comme si il n'avait rien vu.

...Mais je vous ennuie avec mon babillage incessant! Pardonnez moi. Bon alors, par quoi on commence? Les plantes d'ici ou de chez nous?
A moins que vous ayez des questions avant?

Irina fut heureuse de voir arriver Lester et lui offrit un grand sourire lorsqu'il passa la porte. Son commentaire plus que douteux sur la raison de la présence de ses élèves à sa porte ne la trompa pas, mais elle se garda bien de tout commentaire, surtout dans ce couloir relativement fréquenté du bâtiment scientifique.

- Je suis heureuse de vous revoir moi aussi, Lester. J'ai hâte que nous puissions parler un peu tous les deux.

Sur ces quelques mots elle s'engagea à l'invitation de Lester à l'intérieur de son... bureau, si on pouvait encore appeler cela comme ça. Il y régnait un véritable capharnaüm, un bric-à-brac de machines et tout genre et de dossiers éparpillés un peu partout, leur restait tout juste la place de circuler au milieu de tous ces appareils. Il avait sans nul doute déjà commencé son travail de recherche et il était équipé en conséquences.

Le temps de réaliser tout cela, la jeune femme avisa Alfred qui se ruait sur elle dans une attitude belliqueuse, du moins aussi belliqueuse que le lui autorisait sa qualité de robot ménager. Elle en fut si stupéfaite qu'elle n'entendit pas les quelques excuses de son ami sur l'état de son bureau et les raison de cette attitude agressive de son petit aide de métal. Elle en avait pourtant vu depuis leur "atterrissage", mais elle gardait toujours une certaine appréhension envers les machines douée d'I.A.. Comme si quelque chose n'allait pas, comme si tout cela manquait par trop de naturel pour être digne de confiance. Le temps qu'elle reprenne ses esprits, Lester avait entamé un laïus sur un certain Bakan, responsable de l'équipe nord à la langue trop bien pendue. Voyant que le petit robot avait repris ses fonctions initiales et s'affairait à présent à leur préparer thé et gâteaux, elle s'autorisa à respirer et à accorder à nouveau toute son attention au chercheur

- Oui, en voyant votre "garde" devant la porte j'avais bien compris que quelqu'un avait du laisser traîner sa langue où il ne fallait pas. Cela ne va pas faciliter notre travail, malheureusement. Je crains qu'il nous faille clôturer ce dossier aussi vite que possible, tout en évitant de laisser passer la moindre information utile. Ne vous en faites pas Lester, à nous deux nous réussirons à garder tout cela aussi confidentiel qu'il est nécessaire

Voyant le jeune homme se diriger vers son bureau, elle le suivit et pris place à son côté, lui laissant expliquer plus avant les derniers événements et les résultats de ses premiers travaux pendant que ce cher Alfred leur servait leur collation. Il était visiblement très excité par tout cela et Irina ne put s'empêcher de sourire, quelle joie de travailler avec une personne si enthousiaste qu'elle l'était. Tout cela promettait des résultats rapides et fiables, Naya avait décidément bien mené sa barque, une fois de plus. L'intérêt de son vis-à-vis était si communicatif que la scientifique ne put se départir de sa bonne humeur même à la mention de sa toute récente "promotion" au rang de responsable. Certes, cela ne l'enchantait guère, mais après tout, c'était momentané et ses amis seraient très vite de retour... En espérant que rien ne nécessite son intervention d'ici là. Dieu seul savait où se trouvait Akira et elle n'avait nulle envie de s'occuper seule de tout la base, elle avait déjà bien assez à faire. En pensant à Akira, elle réalisa soudain qu'en effet, cela faisait bien longtemps qu'elle ne l'avait vu... Mais que faisait-il bon sang, il n'était même pas venu dire au revoir à leurs compagnons, il faudrait qu'elle s'en inquiète très bientôt, mais là il y avait plus urgent.

- Je vous en prie, vous ne m'ennuyez pas du tout voyons. J'étais perdue dans mes pensées voilà tout. Je pense que votre résumé était assez complet, si question il y avait je pense qu'elles viendront au fur et à mesure de notre collaboration. D'autre part, il me semble que la démarche la plus logique serait de s'intéresser tout d'abord aux plantes indigènes afin de tenter d'en savoir plus concernant la manière dont elles interagissent avec ce fameux minerais. Qu'en pensez-vous?

-Très bien, commençons.
Lester traça quelques arabesques dans l'air, organisant et activant par l'entremise de ses gants R.V les machines dont ils auraient besoin.

Hum, en réalité nous ne disposons ici que de deux sortes de plants indigènes pour l'instant : une tulipe carnivore et le magnifique spécimen de Filicaria Esperansis (c'est la fougère vert-bleue, là). Comme je n'osais pas laisser mon labo, je n'ai pas eu l'occasion de me fournir d'autre chose que ces plantes "décoratives". Néanmoins ce sera juste assez pour un début: cette fougère étant d'après les rapports l'un des plants les plus répandus sur cette planète, elle doit avoir développé un processus adaptatif par rapport aux emissions du minerai.
A ce sujet, je formule l'hyppothèse que les plantes -ou du moins certaines plantes - de cette planète ne se contentent pas de résister aux radiations du 93240N, mais tirent profit de ces émisions, d'une manière ou d'une autre... C'est le principe de l'adaptation: ce qui ne tue pas doit rendre plus fort ! Et vu comment la flore se porte bien dans cette zone...

Quoiqu'il en soit, je suis bien content que vous soyez là: c'est très agréable de pouvoir compter sur vous et vos compétences pour la suite des évennements!

Le scientifique et l'agronome semblaient bien partis pour discuter ferme et enchainer les expériences, mais Lester, qui n'avait pas dormi depuis bien trop longtemps, s'endormit comme une masse, s'écroulant presque sur son bureau dans la seconde où il finissait sa phrase.

Le regain de sécurité que représentait la présence d'Irina l'avait incité à se laisser aller une seconde, et les émotions fortes conjuguées à l'absence de sommeil et un travail intellectuel acharné avaient enfin fini par avoir raison du jeune homme.

Alfred, qui devait avoir l'habitude de voir son maitre se "déconnecter" de telle façon, rattrapa sa tasse de thé dégringolante en plein vol et nétoya la flaque qui dégoulinait du bureau. Il se tourna ensuite vers l'invitée, déployant de nouveaux sachets d'infusion comme une question muette quant à "la suite des évènements".

Voyant ainsi Lester s'écrouler à peine sa phrase terminée, Irina ressentit tout à coup elle aussi une immense lassitude. Trop longtemps qu'elle n'avait pas dormi et l'inquiétude pour ses amis qui la taraudait sans répit depuis leur départ n'arrangeait pas son état... Elle était épuisée et aspirait, elle aussi, à un peu de repos.
Le jeune scientifique semblait si serein dans le sommeil qu'elle ne put retenir un sourire certes las mais attendri. Il semblait apaisé, tout cela devait sans doute être très difficile pour lui aussi. Ils étaient tous à cran ces derniers temps, il était temps de se serrer les coudes.

Se levant de son siège, elle alla chercher une couverture posée non loin et qu'elle avait repérée d'un oeil en entrant et la posa avec délicatesse sur les épaules de son ami. Il était temps qu'elle se repose un peu elle aussi. Mais rentrer dans ses appartements lui semblait trop difficile. Contournant l'énorme masse de matériel qui encombrait désormais le petit bureau, elle se posa donc un peu plus loin dans un fauteuil légèrement plus confortable et ne tarda pas à sombrer elle aussi dans un sommeil agité.

Quelquechose bougea dans le bureau endormi.

Une petite soucoupe volante montée sur roues se déploya lentement, prenant doucement de la hauteur et du volume au fur et a mesure que grandissaient ses membres télescopiques, comme une fleur s'épanouisssant dans la lumière artificielle de la pièce.

Première et seule création personnelle du scientifique ayant survécu au crash qui avait détruit sa famille,ce robot était le favori de son maitre. comme un petit animal de compagnie, il l'avait accompagné dans presque toutes ses recherches depuis des années. Garant de son éveil et témoin de ses insomnie, c'est lui qui avait sauvé les dernières réserves de l'elixir de concentration dont il était si friand. Conçu comme une coquetterie sociale, Alfred ne devait avoir qu'une intelligence artificielle minimum, ce qui n'empêchait pas Lester de l'aimer commme si il eut été sa plus grande réussite.

Le petit robot tourna ses capteurs vers le scientifique endormi.
Lester avait sous-estimé son travail.

Afin de pouvoir le commander et le reprogrammer en lui parlant comme à un camarade, le jeune homme avait conçu un programme de reconaissance vocale couplée à une segmentation lexicale évolutives. Associées à des capacités d'autodiagnostic, ces principes de bases lui permettaient d'apprendre de nouveaux mots au fur et a mesur du temps, ainsi qu'une légère compréhension des contextes. Au bout de quelques années, cette compréhension grandissante fut mise à profit pour un nouveau programme, celui intitulé "reconnaitre la politesse".
Ce fut le grain de sable qui allait donner vie à une toute nouvelle forme d'intelligence artificielle.
Entre ses capacités sensori-motrices et son accès à la comprehension du langage, Alfred disposait des mêmes ingrédients de base que ceux qui préfiguraient le développement psychologique d'un bébé de quelques mois. Avec ce dernier programme aux implications bien plus complexes et les nombreuses années passées dans un milieu de savoirs et de richesse intellectuelle, Le petit robot domestique allait accéder petit à petit à une forme embryonnaire de conscience.

C'est ainsi qu'a l'insu de son créateur Alfred avait pris l'habitude de "s'occuper de lui" pendant son temps libre -c'est à dire quand son maitre dormait- en développant sa compréhension du monde par l'introspection (bilan diagnostic des expériences acquises pendant la phase d'éveil) et l'expérimentation.

Il tourna ses capteurs vers Irina.
Selon sa programation initiale, Alfred n'aurait pas du servir l'agronome en thé, car elle n'avait dit ni "s'il te plait" ni "merci" au majordome chromé. Mais la reconnaissance des expressions du visage et du langage non verbal avait été une de ses premières extensions autonomes, et si Alfred avait ainsi pu remarquer combien Irina était mal à l'aise à son contact, il avait aussi vu l'expression de son maître.

Cette dernière journée, Lester avait été particulièrement tendu. Stressé. Il avait même demandé à Alfred d'apprendre à le protéger et s'était enfermé dans leur tanière.
Pourtant, dans une période si critique, alors qu'il ne voulait voir personne, il avait ouvert la porte à Irina. "c'est une invitée" avait il dit au majordome prèt à le défendre.
Une "invitée"... Alfred comprenait très bien ce concept.
Mais dans ce cas précis, il y avait des incohérences:
*D'abbord, on n'est pas censé se mettre en veille ("s'endormir") en présence d'une "invitée"
*Ensuite, quand on s'endort devant une "invitée" (ce qui avait déja été le cas une fois ou deux pour son maitre, visiblement incapable d'autodiagnostic en alimentation électrique), "invitée" n'est pas censée prendre soin du maitre avant de s'endormir sur son fauteuil préféré.

Non, c'était évident, "Invitée" n'était pas un concept suffisant pour définir la personne endormie sur le fauteuil préféré du concepteur d'Alfred. Il fallait en trouver un nouveau, plus adapté.

Alfred entreprit donc de faire la meme chose que son maitre quand il désirait apprendre de nouveaux concepts concernant une créature nouvelle: une étude xénobiologique.

Les instructions de non agressivité claires concernant la créature et son statut d'être en vie lui interdisant clairement toute approche invasive ( vivissection= non approuvée), l'apprenti autodidacte se saisit du nécessaire à croquis et commença à dessiner Irina sous tous les angles, avec toute la précision mécanique dont il était capable.

cherchant à saisir des indices par le langage non verbal, Il se concentra particulièrement sur les expressions de son visage.
Les croquis s'accumulèrent rapidement, mais le robot n'y comprenait rien.
Afin d'établir un paradygme de comparaison, et soupçonnant vaguement que Lester était le mieux placé pour lui expliquer le véritable statut de son "invitée", Alfred fit de meme avec le scientifique endormi.

C'est à ce moment que la musique cessa de chuchotter dans les écouteurs du jeune homme, qui ouvrit lentement les yeux.

Alfred, comprenant que son temps libre touchait à sa fin, rangea tout naturellement les croquis sur la pile des papiers non triés et vint se ranger sous le bureau, prèt à l'emploi.

mngrmphf ... Muh?

Lester observa les faits et gestes de son robot domestique dans un état second. Essuyant la bave à la comissure de ses lèvres, il réalisa qu'il n'avait pas si bein dormi depuis... depuis le crash, en fait. Si un torticolis lui indiquait pour la enième fois qu'il s'était encore endormi n'importe comment, Lester n'avait fait aucun cauchemard, et se sentait parfaitement détendu.

"grmm...Alfred, sers moi verre d'eau sucrée s'te plait."
Le clown allait se lever pour se débarbouiller au lavabo de son bureau/laboratoire et fit glisser sa couverture par terre.

Ah, ça y est je me souviens, Irina... c'est elle qui a du me border.
Il se leva en sursaut et saisit son communicateur, prèt à appeller Irina pour se confondre en excuses quand il l'aperçut dans le fauteuil.
Lester s'approcha doucement et lui déposa la couverture sur les jambes, en prenant bien soin de recouvrir ses pieds; puis il ôta sa blouse et la posa sur les épaules de l'agronome.
Il textota les étudiants en place devant sa porte pour leur demander d'apporter un petit déjeuner digne d'une demoiselle, avant de se diriger vers l'alimenteur pour dévorer les restes de sa pizza de la veille.

"Mrci 'lfred"grogna Lester la bouche pleine devant le verre de gluccose que lui tendait le robot. Alfred ne lacha cependant le verre que quand le jeune homme déglutit avant de répéter, faisant ainsi preuve de meilleures manières.

Songeant à la luminosité crue de la pièce et à son hote endormie, lester baissa la lumière et aluma sa lampe de bureau en rejoignant son siège.
Puis, se souvenant des papiers qu'il avait vu Alfred ranger sur la pile des "à trier", s'attendant à un fax ou un nouveau résultat de calcul d'un des appareils encombrant la pièce, il se saisit de la dite pile de paperasse...

...
...PUTAIN DE BORDEL DE MERDE DE SAPERLIPOPETTE EN TOC !

Lester tenait dans ses mains une bonne cinquantaine de croquis à la précision photographique détaillant sous toutes les coutures les visages endormis d'irina et lui même.
Il se tourna vers Irina pour partager sa surprise, le cri au bord des lèvres...

Irina se retourna dans son sommeil.

...Lester ne dit rien. Il observa son hote endormie, privé de toute envie de faire du bruit: une grosse goute d'un liquide aqueux contenant du chlorure de sodium, du lysozyme et des lactotransferrines coulait sur sa joue droite...

...Irina pleurait.

Le jeune homme se força a refermer la bouche. Ne sachant pas quoi faire ni où se mettre, il regarda tout autour de lui, s'attendant presque à tout dorénavant; c'est ainsi qu'il remarqua qu'Alfred avait tous ses capteurs orientés vers Irina. Tous. comme un entomologiste devant une fourmillière. Lester considéra sa création, puis les croquis qu'il avait encore en main, et qu il avait presque oublié.

La bouche du jeune homme se rouvrit comme un gouffre alors qu'il commençait à comprendre une partie de la scene qui se jouait dans son bureau, et à réaliser ce que cela signifiait.

Cédant à l'athmosphère insolite et à une drôle d'impulsion, Lester tendit un crayon et un paquet de feuilles au robot, lui permettant implicitement de continuer ses dessins.
Alfred sembla hésiter quelques secondes, puis se mit à l'oeuvre pour réaliser un dernier croquis qu'il tendit à son maître comme une question ouverte. Toujours bouche bée, Lester contempla le portait d'Irina, centré sur cette larme qui l'avait rendu muet.
Le robot et son maître se regardèrent, observèrent le dessin puis son original de chair et d'eau.
Le maître ne savait pas quoi répondre.

plusieurs minutes s'écoulèrent ainsi...
Puis Le jeune homme s'ébroua, et parla à voix basse.

Bon, O.K, ça suffit maintenant.
Alfred, laisse Irina tranquile s'il te plait. Tous les etres humains dans cette base vivent une épreuve sans commun, et si je ne sais pas exactement pourquoi Elle pleure comme ça dans son sommeil, je reste sur qu'elle n'apprécierait pas des masses qu'on la dévisage comme ça. C'est malpoli.

D'autre part, je ne sais pas où tu as appris à dessiner comme ça, ni comment tu en es venu à un tel degré d'éveil, je ne sais meme pas à quel point tu comprends ce que je te dis, mais je finirais bien par le savoir et alors il faudra qu'on en discute...

En attendant, là, tu n'es pas sans savoir que je bosse sur un truc super important, et je ne peux pas m'occuper d'autrechose tant que ça ne sera pas réglé, alors tu reste tranquile en attendant s'il te plait. Et quand Irina se réveillera, nous lui présenterons des excuses pour avoir été malpolis.

Maintenant, va poster tes chef d'oeuvre au mur, là, et prépare un thé spécial "comme d'habitude" pour moi et les trois étudiants qui font le pied de grue devant le bureau pendant qu'on roupille, tu seras gentil.

Une fois ses instructions appliquées à la lettre, Lester se dirigea doucement vers la porte, suivi par Alfred, afin de donner de vive voix des instructions nouvelles à ses stagiaires.

Lester n'eut pas le temps d'arriver à la porte qui lui aurait permis de sortir de son bureau que celle-ci s'ouvrit avec fracas, dans un blong sonore. Et ce pour laisser rentrer un haut-fonctionnaire connu de tous dans la base : Margaret Slaine. En charge des subventions à la science, elle n'était pas de bonne humeur et cela se lisait sur son visage.

Cependant personne ne l'avait jamais vraiment vu de bonne humeur hein, faut pas déconner. D'ailleurs un haut-fonctionnaire c'est gris, moche et pas beau, tout le monde le sait. Mais bon, mon I.A. s'égare. Retour au sujet.

D'une voix rendue croassante par une sortie du lit qui avait certainement due être matinale, elle dit sèchement :

- Hartmann ! Remuez vos fesses et allez chercher votre barda d'exploration, vous partez en mission ! Et si vous trouvez Viktorovna, rappellez lui qu'elle n'est pas là que pour planter des légumes. On se retrouve dans une heure dans une salle de briefing du poste de Commandement !

Et elle partit, ses talons claquant sur le sol métalliques, crissants également à chaque tournant. Les apprentis, muets de consternation, regardèrent le professeur l'air de dire : Et qu'est-ce qu'on fait nous maintenant ?

Lester venait de se faire offrir la trouille de sa vie.

Vu comment ni ses apprentis, ni Alfred, ni même l'arme défensive qu'il n'avait pas dégainé à temps et qu'il tenait à peine à présent dans ses mains tremblantes n'avaient empêché la tornade Slaine d'entrer et sortir de son bureau, il réalisa qu'il serait mort si il s'était agi d'un personnage plus malintentionné.
La colère qui en résulta lui permit de réfléchir vite à la suite des évennements...

Le chercheur foudroya ses apprentis du regard
Bravo, je pourrais tout aussi bien être mort à l'heure qu'il est. Bon, ok. Toi,dit il en s'addressant au premier d'entre eux tu vas chercher les six autres et tu les ramènes ici dare-dare. Vous deux, vous restez là et vous vous débrouillez pour que cette porte ne s'ouvre pas avant l'arrivée de vos camarades. J'arrive.

Là dessus, il referma la porte et se rua sur son ordinateur fixe.
il remplit neuf cartes mémoires haute capacité d'informations triviales ( projets abandonnés, musique, photos, croquis, livres numérisés...) et une dixième avec tout le dossier 93240N, qu'il transféra également sur son ordinateur protable avant d'en effacer toute trace par ailleurs et de démonter les disques durs de son ordinateur fixe pour achever le tableau.

Alfred, viens là s'il te plait.
Lester but d'un trait les quatre tasses que son robot favori tenait, puis le laissa faire la vaisselle (c'était l'affaire de quelques secondes) avant de lui ouvrir la tete. Là, il remplaça la vaisselle encore fumante par les disques durs, puis referma le compartiment étanche.bien sur, tu ne dois plus faire la vaisselle tant que ces trucs seront en toi, tu t'en doutes. Merci. tourne toi.
Le robot pivota et so maitre lui découvrit le crâne, cette fois ci au niveau de sa matrice de calcul. Là, il dissimula la dixième carte mémoire.Puis il referma le tout.
Ok, écoute moi attentivement s'il te plait Alfred.Si, et seulement si je ne reviens pas au bout de deux semaines, tu iras voir le docteur Akira et tu te tapoteras la tête jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il doit récupérer ce que je t'ai mis là dedans. Akira seulement, compris? Merci.
Maintenant, voici neuf mémocartes. Quand je serai parti, je veux que tu en donnes une à chaque stagiaire qui est venu garder la porte. C'est pas compliqué, ce sont ceux qui ont déménagé le bureau.Merci.

Voilà, comme ça mes recherches sont à l'abri et si quelqu'un veut les voler, il aura suffisament de fausses pistes pour se faire remarquer.

Le chercheur détruisit enfin tous les supports papier qui avaient un rapport avec le dossier en plus des rapports d'activité habituels, mit les déchets dans un carton et alla parler aux deux étudiants qui l'attendaient devant la porte.
Ok, vous:allez me mettre ce carton au recyclage, et revenez ici juste après je vous prie. ordonna t il au premier.
Puis il s'adressa au second à voix basse:
Alfred vous donnera une mémocarte chacun... gardez la toujours cachée, de préférence sur vous, ne l'ouvrez pas, n'en parlez pas autour de vous. Et achetez vous un gunschock, ça vous fera pas de mal.
Pour le reste, je vous donne carte blanche pour continuer de bosser sur vos propres projets ou sur ceux que je vous ai confié. Mademoiselle Vicktorovna et moi même allons en mission à l'exterieur, vous pourrez rentrer chez vous.
Je vous serai gré de transmettre ma gratitude pour vos efforts et de votre disponibilité, même si il est clair désormais qu'un petit groupe de scientifiques n'est pas forcément à même de se charger de la sécurité. à mon retour, nous trouverons une meilleure solution. Je vous remercie.

Là dessus, Lester retourna dans son bureau, et souffla un coup.
Il vérifia son paquetage d'expédition, rangé dans un placard: tenues et rations militaires, bulle de survie, poignard, briquet, bache, ficelles de supernylon, torche électrique, analyseur d'aliments, identificateur, sachets plasiques, gunshock avec deux chargeurs supplémentaires, ordinateur portable.
Réalisant que cette expédition quelle qu'elle soit serait non seulement l'occasion de rapporter des plantes indigènes pour la suite des recherches mais aussi une occasion parfaite pour tester son prototype d'armure "Herodote", il ouvrit un autre placard et fourra ce petit bijou avec deux batteries de rechange et des amplificateurs accoustiques dans son sac de rando: l'armure dépluggée, dégonflée et pliée, le tout était transportable et son barda n'excédait pas les 15 kilos, les deux batteries et l'ordinateur constituant avec l'armure la majeure partie de ce poids. Lester calcula qu'une fois son armure enfilée, il mettrait suffisament d'eau à la place (dans son sac)pour tenir plusieurs jours, une semaine à deux en se rationnant.

Voila, il était prêt. Irina dormait toujours.
pour qu'un esprit aussi alerte ne se réveille pas avec tout ce boucan, elle devait en avoir bien besoin.
Il se rapprocha doucement et posa délicatement le dos de sa main sur son épaule. Ainsi, elle se réveillerait doucement et confortablement, même si cela devait prendre quelques minutes.

Irina...

Irina se débattait contre ses démons, ses vieilles rancœurs, les abandons, les peurs qui avaient paralysé un temps toute volonté de vivre pour elle, malencontreuses hésitations et craintes infondées. Regrets... Chaque fois qu'elle plongeait dans le sommeil son passé venait la hanter, ses peurs ressurgissaient, ses peines, ses espoirs déçus, ses envies bridées. Les larmes coulaient, toujours. Sa vie n'avait pas été si difficile, pourtant, mais une insondable mélancolie toujours la prenait par surprise dès ses paupières closes. Elle était si fatiguée de tout cela, si lasse sans même savoir vraiment de quoi...

Mais soudain comme une lueur, comme un espoir, comme une chance de pardon et de rédemption. Un contact doux et rassurant, une bienheureuse chaleur et une sensation de tendresse qu'elle n'avait plus éprouvée depuis longtemps.

Irina ouvrit les yeux sur le doux visage de Lester qui la regardait avec calme, sans cette lueur de pitié qu'elle avait parfois vue dans les yeux des hommes qui avaient croisé son chemin et partagé ses nuits, voyant ainsi la détresse qui invariablement l'assaillait une fois le sommeil trouvé. Enfin quelqu'un qui la regardait sans compassion, sans tristesse au fond des yeux, sans pitié. Du regard de Lester se dégageait simplement une grande compréhension, une tendresse sincère, à peine l'ébauche d'un questionnement sur les raisons de ses larmes. Elle lui sourit doucement et passa une main discrète sur ses joues pour essuyer le reste de ses pleurs. Elle la retira presque sèche. Aurait-elle versé seulement quelques larmes aujourd'hui?

Lester ne dit rien, il reprit un peu de distance et elle lui adressa une fois encore un sourire reconnaissant, ce garçon était vraiment une perle d'homme...

Se redressant et repoussant la veste qui couvrait ses épaules, elle jeta un bref regard autour d'elle et vit que quelque chose avait changé. Elle avisa les ordinateurs débranchés, les sacs préparés à la hâte et qui semblaient indiquer un départ imminent sur une mission urgente et d'importance. Elle se retourna vers Lester et lui lança un regard cette fois interrogatif et légèrement inquiet, toute trace de mélancolie envolée pour laisser place à son légendaire professionalisme. Alors elle vit son regard se faire plus dur, plus sérieux, plus inquiet.

- Que se passe-t-il, Lester?

-Tout va bien.

Lester avait vu les émotions se succéder à une vitesse folle sur le visage d'Irina. Il ne voulait pas qu'elle s'inquiète au jeter du lit. Après tout,même si il n'aimait pas partir si vite de son labo, la situation était à peu près sous contrôle.Lui aussi avait besoin de se calmer.Il la regarda droit dans les yeux avec clame et franchise, et sourit autant pour elle que pour lui.

-Nous partons en mission. Il nous reste environ trente cinq minutes pour rejoindre une salle de briefing du poste de commandement, ce qui vous laisse un peu plus de cinq minutes pour vous préparer, dix si on se dépèche pendant le trajet, un peu plus si nous acceptons d'avance les foudres que déclenchera Margarett Slaine si nous avons plus de quatrevingt-dix secondes de retard.Lester eut un sourire complice ...pas de panique, c'est une tornade mais elle est bien trop débordée pour perdre du temps à vraiment nous causer des ennuis.

Lester mon pote, décidément tu parles trop. Dis lui juste que ça va et qu elle a le temps de prendre un café avant de partir...

Bon, euh... je parle trop, je crois. Je résume:Réveillez vous, on s'en va en mission. Petit dèj?

Irina eut une grimace à l’énoncé du nom de Slaine, cette petite bonne femme hargneuse qui s’agitait toujours dans tous les sens avait le don de la mettre sur la défensive. Elle qui avait déjà du mal avec la plupart des gens était toujours relativement mal à l’aise face à ce genre de phénomène. Gestes brusques et voix trop forte n’étaient pas pour lui plaire. Elle sourit un instant en pensant à Wyrd.

« oui, bon, il y a quand même des exceptions à cette règle. A moi de faire un effort. Puis de toute façon, la mission avant tout.»

La jeune femme se leva donc et entreprit de défroisser rapidement ses vêtements. Elle fit jouer un instant les muscles de son cou et de ses membres engourdis et se tourna, déjà plus alerte, vers son ami. Une douche n’aurait pas été de refus, tant pis.

- Très bien, un petit café me suffira merci, et je serai pleinement d’attaque. Si nous pouvions simplement passer devant mes appartements que je puisse récupérer quelques effets indispensables. Ensuite je serai toute à vous et à cette chère Margarett. Evitons de la faire trop attendre. J’aimerais autant ne pas entamer cette mission, quelle qu’elle soit, sur une malencontreuse prise de bec.

On frappa à la porte: c'étaient les apprentis du scientifique qui rapportaient le petit déjeuner commandé (tartines de nutrisoja et jus aromatisé au gout d'orange pour deux personnes sur un plateau) et venaient se voir confier leurs mémocartes des "mains" d'Alfred.

...Merci Messieurs.

Bien! Allons y Irina, mais permettez moi d'insister: on ne devrait pas partir le ventre vide. Au pire, mangeons en chemin.

Sur ce, le jeune homme boucla les dernières attaches de son barda, attrappa deux tartines qu'il comptait manger en marchant (ah, l'hygiène des chercheurs trop pressés...) et tint la porte ouverte pour laisser passer Irina avant de confier le reste (déménagement des machines et fermeture du bureau) à ses chers étudiants.

Allez, c'est parti!

Irina eut tout juste le temps d’attraper une tartine de nutrisoja et se hâta de précéder Lester à l’extérieur, accordant tout juste un regard aux jeunes étudiants qui l’avaient presque refoulée un peu plus tôt.
Bon, maintenant que le sommeil s’était quelque peu dissipé elle avait hâte de se délier les jambes et de partir en mission. Enfin un peu d’action ! Peut-être tout cela lui permettrait-il d’oublier pour un temps ses inquiétudes pour ses amis partis pour l’épave du Nur Vankis.

- En avant mon cher !

» Lester Hartmann
» Devant le bureau d'Akira... quelqu'un a dit bureau ?!
» Bureau de Naya Galandrix
» Commandement Central : Bureau du Lieutenant-Colonel Wyrd