Mr Bricolage est demandé à l'accueil !

Akira sortit de ses appartements en trombe et se rendit droit vers les hangars. Il mit près d'une demi-heure pour passer les divers contrôles de sécurité. Même s'il était connu, il restait un scientifique et sa présence n'était pas forcément appréciée en ces lieux. En effet, ce sont dans les hangars que sont stockés toutes les unités MechA. Et si un scientifique vient dans le coin, c'est forcément pour toucher à un de leurs joujoux ou pour engueuler un camarade. Du coup, les contrôles s'éternisaient, chaque élément était examiné avec soin. L'un d'eux avait même été jusqu'à vérifier l'authenticité du badge qu'il portait sur le bras. Le scientifique s'était légèrement énervé et l'avait envoyer balader d'un uppercut dans les côtes. Même si les armures légères étaient efficaces, la force d'Akira était modifiée génétiquement, si bien que le soldat fut projeté en arrière et eut le souffle coupé : le coup avait été porté au plexus solaire.

- Bon les gars, vous savez qui je suis. Et y a pas trente-six personnes qui sont capables de faire ce que je viens de faire à Hans. Donc maintenant, arrêtez un peu vos conneries, je viens pour bosser, pas pour vous faire chier. Si vous continuez, je prononce des mises à pied. Cette épée me le permet. Alors barrez-vous.

Cette phrase sertie d'une magnifique autorité, combinée avec avec un air grave et à la limite du menaçant et Akira put pénétrer dans l'antre des militaires. Une demi-heure seulement, cela devait être un record.

Les hangars étaient en réalité plusieurs grandes pièces où étaient alignés des centaines et des centaines de MechA Unit. Plusieurs mécaniciens s'affairaient sur ces derniers avec la vigueur de fourmis. Akira observa autour de lui et marcha avec tout son charisme vers...

- Euh... C'est où qu'on trouve les Prométhée ?

- Vous cherchez quelque chose ?

Un mécanicien avançait vers lui, l'air suspicieux. Il remarqua d'abord l'accoutrement du scientifique puis le symbole sur son bras. Son attitude changea alors du tout au tout, passant à un certain respect. A vrai dire, il ne faisait pas vraiment bonne impression au premier abord avec ses cheveux bruns hirsutes, son bleu de travail taché d'huile ouvert sur un marcel blanc tout aussi sale. Le mécanicien porta sa main vers la paire de lunettes perdue dans ses cheveux en guise de salut.

- Oui. Je cherchais un grave gars comme vous pour me filer un coup de main. Maintenant, vous êtes sous mes ordres jusqu'à la fin de l'après-midi. J'aurais éventuellement besoin d'une salle, du Prométhée du Lieutenant-Colonel Wyrd ainsi que d'un Cerberus II.

Le mécanicien écarquilla les yeux et bégaya. Tout d'abord étonné puis frustré mais il revit alors le badge sur le bras d'Akira. Un double-chef de labo. Akira Léonin était connu sur toute la base pour être le plus jeune détenteur de deux laboratoires.

- Eh bien... Il y a la salle de test puissance au fond du hanger, normalement elle n'est pas utilisée jusqu'à la fin de la jou...

- Ok, je la prends. D'abord le Cerberus II, puis le Prométhée.

Mais Akira était déjà parti. Il se rendit directement vers la salle en question et découvrit une grande pièce. Une estrade, au fond, surplombait une piste où devait se placer la MechA Unit dont on devait tester le fonctionnement. Akira monta directement sur l'estrade, balança ses plans sur une table près des commandes et enfila les gants qui allaient lui permettre de modeler son projet. Plusieurs hologrammes apparurent et le scientifique choisit le mode Modifications. Quelques minutes plus tard, le Cerberus II arriva dans la pièce. Le mécano l'installa sur la piste et descendit de l'unité.

Il revint 10 minutes plus tard, avec le Prométhée. Le Cerberus II n'était qu'un amas de pièces détachées.

- Hein ? Mais qu'est-ce que vous avez foutu ? Putain, un Cerberus II et vous l'avez complètement démonté ! C'est un cas de trahison, le désarmement d'une MechA. Unit !

Voyant qu'Akira ne répondait rien et bidouillait les hologrammes, le mécanicien graima sur l'estrade pour l'arrêter. Il fut repoussé sans ménagement par le scientifique qui gronda :

- J'ai l'autorisation du Lieutenant-Colonel Wyrd ! Et veuillez à vous rappeler votre rang ! Menacer ainsi un haut gradé, membre de l'Etat-Major, c'est également un cas de trahison ! Ou alors dois-je utiliser ce sabre ?

Le mécanicien resta adossé au mur et se contenta d'un regard mauvais.

- Bon, maintenant que vous êtes calmé, observez un peu les plans sur la table et dites-moi ce que vous en pensez.

Sur ces mots, Akira se tourna vers le Prométhée et se mit à réfléchir. L'autre s'avança vers la table et prit un feuillet. Ses yeux s'écarquillèrent tellement qu'on aurait pu croire que ses yeux allaient de dessiller.

- Vous préparez une nouvelle génération de MechA. ? Vous êtes un sacré connard, complètement taré mais putain, ça pourrait fonctionner !

Akira ne l'entendit pas et commença à attaquer la réalisation du Vishna, en commençant par modeler le cockpit extérieur.

- Déjà au boulot ?

Répondit Wyrd en arrivant dans le hangar, d'un geste de la main il ordonna aux soldats de quitter l'endroit.

- Allez donc vous reposer, vous en avez tous besoin. Quand à toi Akira ...

Il s'assit sur un bloc scellé de munitions et ouvrit le bouchon de son whisky, le bruit se révélant extrêmement fort. Il en avala une gorgée et regarda une petite pièce de métal qui traînait sur un établi. Puis il tourna la tête vers les 15 mètres du Prométhée et le Cerberus II, ça par contre cela faisait chier Wyrd de se séparer d'un de ces bijoux de technologie. Puis il rajouta en laissant la bouteille à Akira et en allant s'occuper de la pièce sur l'établi :

- On se croirait il y a quatre ans, lors de nos nuits "savants fous" ... Quand on trafiquait tout et n'importe quoi dans l'espoir de créer de nouvelles technologies ...

Eh bien, eh bien ? On s'amuse sans moi ?

S'exclama la scientifique en pénétrant dans le hangar, passablement énervée par l'ensemble des contrôles qu'elle avait dû subir avant d'arriver jusque là.

Il va falloir qu'on reparle de tes toutous et de leur notion de "sécurité"

Lança-t-elle en direction de Wyrd d'un ton acerbe. Puis, son regard se posa sur le chantier provoqué par Akira et son regard s'illumina.

Oho, nous avons droit à la boule de poils des grands jours !

Elle rejoignit Wyrd, et la bouteille de Whisky et contempla d'un regard intéressé le travail de son ami. Cherchant au passage l'endroit où il avait pu poser les plans.

- Hein ?

Dit-il en se retournant vers Naya, les mains déjà couvertes de cambouis, consciencieux qu'il était il avait posé a veste dans un coin mais son débardeur était déjà lui aussi dans un état pitoyable. Puis, il sortit enfin de son alternateur magnétique pour se rappeler les plaintes de tout le monde à l'encontre des postes de garde militaire.

- Ah oui, Irina aussi m'a fait une remarque du genre. Désolé, je dois en effet penser à baisser le niveau de sécurité. On a plus de raisons d'être en loi martiale maintenant que tout va à peu près bien vous avez raison. Mea coupa comme disaient les anciens. Mea coupa maxiva.

Avant de replonger dans son fascinant chantier de réparation, havre de calme dans son monde si mouvementé, il ajouta :

- Mais par contre je crois aussi que certaines cartes d'identité ne doivent plus très bien marcher, car normalement vous devriez passer tranquillement, un peu comme entre les mailles d'un filet déjà défoncé par je ne sais quelle bestiole du cru.

Oh non... seulement les militaires haut gradés, rassure toi Irina.

Lança Naya avec un immense sourire. Elle tourna autour de Wyrd quelques instants, observant son travail puis, se souvenant de la remarque qu'il venait de faire, elle glissa.

L'un de tes soldats a failli m'embarquer ma carte la dernière fois, il l'a regardé d'un air un peu trop avide à mon goût, tu devrais les prévenir des risques... ou leur trouver des joujous sur quoi passer leurs nerfs.

Puis, elle s'approcha d'Akira, l'oeil curieux. Elle repéra les plans posé sur une caisse de munitions et s'en empara avant de les étudier un moment. Avec un air de franche approbation, elle s'approcha de son ami.

Besoin d'aide Matou ?

Décidément, les deux bonnes femmes avaient décidés que c'était sa soirée ... Posant sa clé de 18 sur l'établi, Wyrd eut un grand soupir et fit tourner sa tête ce qui ne manqua pas de déclencher quelques craquements osseux. Puis se retournant, il dit avec un grand sourire sur la figure :

- Lieutenant-Colonel, pas colonel, c'est le grade au dessus du mien. Pour les badges, encore une fois désolé ... Je vais régler cela au plus vite je vous le promets, quand à ce qui est de l'alcool, je me trimballe avec cette bouteille mais n'en suit qu'a mon troisième verre. Et pour finir, je ne savais même pas que c'était du latin. En école d'officiers on ne nous apprends pas ce genre de choses en effet vu que ce n'est pas utile a notre caste. Sinon ça me fait extrêmement plaisir de vous voir ce soir en si grande forme. Mais Akira va se sentir jaloux si vous ne lui tapez pas dessus aussi.

Puis, d'un faux air de défi, il attrapa la bouteille et en vidant une rasade honorable avant de la tendre à qui la voudrait bien.

Akira, en réalité, n'avait strictement rien entendu ou vu de ce qu'il se passait autour de lui. Il venait tout juste d'achever le cockpit extérieur du nouveau MechA lorsqu'il releva la tête pour vérifier un truc sur ses plans, il se retrouva nez-à-nez avec Naya.

Euh... Bonjour.

Il regarda autour et vit qu'Irina était également présente. Il lui sourit et demanda :

Euh... J'peux savoir ce que vous foutez tous ici ? Bah, peu importe.

Akira haussa les épaules, prit la bouteille des mains d'Irina et but une gorgée de l'excellent whisky. Accompagné de la bouteille, il retourna vers ses plans et examina les supports d'armes. Il allait falloir les construire de telle sorte qu'ils puissent être facilement camouflés par d'autres pièces d'armure. Si on voit un gros trou sur une armure, on voit bien que quelque chose peut en sortir. Après avoir repris une gorgée d'alcool, Akira retourna devant les commandes et continua son travail, désormais toute ouïe à la conversation autour de lui.

Wyrd regardait toute cette scène d'un air amusé. La fine équipe s'entendait toujours aussi bien après des années de franche camaraderie. Et ce bien que le petit vol de tourterelles que jouait deux d'entre eux le fasse presque exploser de rire. Parfois il avait même envie de forcer leurs lèvres a se rencontrer, histoire de libérer certaines de leur capacités à tous les deux et donc de renouveler l'efficacité du groupe. Rangeant la clé à molette, il se rendit compte qu'il avait retrouvé une excellente humeur.

- Faudra qu'on se reconstruise un resto ... Ca me manque les soirées grill ...

Le bipper sonna, dernier rendez vous de la journée avec un de ses subordonnés, il devrait bientôt partir. Faisant taire la sonnerie - chevauchée des walkyries - il reprit :

- Oui donc des grillades. Et pas au phosphore cette fois-ci Akira ...

Akira se retourna, presque outré, vers Wyrd.

Voyons, pour qui me prends-tu, comme si j'aurais trafiqué des grillades. Nan, j'ai porté le chapeau parce que Naya avait fait la connerie et qu'elle voulait me faire porter le chapeau. Ce qu'on ferait pas pour de jolies femmes...

Sur ce, il se tourna vers Irina, qui venait de lui poser une question. Il l'observa avec un petit sourire et lui lança :

En parlant de jolies jeunes femmes, toi c'est quand tu veux, j'suis toujours disponible.

A vrai dire, Akira était tellement concentré sur son travail qu'il n'avait même pas remarqué le double-sens de sa phrase qui était pourtant assez flagrant. Il attendit qu'elle finisse de boire avant de prendre la bouteille et de boire une nouvelle gorgée.

J'pensais pas que les jolies jeunes femmes buvaient aussi... Comme quoi, il n'y a pas que les militaires qui boivent. Intéressant.

Naya saisit la balle au vol pour répliquer

De quel genre de remontant parles-tu Irina ? Parce que ta phrase a autant de double sens que celle que viens de sortir notre cher Akira...

Tout en disant cela, elle se tourna vers son ami, feignant la colère.

A propos toi ! Si tu avais porté le chapeau à ma place c'était parce que je connaissais d'autres conneries que TU avais faite...

Puis, elle se tourna vers Wyrd avec un air à peine contrit.

Eh oui... c'était bien moi les grillades au phosphore ! Mais pour ma défense, je faisais une.... expérience... oui c'est ça, une expérience !

Se gorgeant de la gène que toute cette situation provoquait chez Irina, le soldat arborait un encore plus grand sourire tout en sortant une blague vaseuse et grasse bien sortie de ses classes.

- Ça, c'est vrai que niveau liquide elle a une sacrée descente !

Au fond, il s'en voulait de dire cela, mais c'était aussi ce que l'on appelait les horreurs de la guerre. C'est gore et bien chargé en boyaux. Puis, se tournant vers Naya il retourna dans le hangar avec un air de défi sur le visage :

- Je vous ferais dire MÔdemoiselle Galandrix, qu'un steack ne constitue pas une petite pièce de 3cm² éteinte a la va vite avec un extincteur à l'azote liquide. Il m'est quand même bien resté sur l'estomac celui là ! Je salue vos talents de cuisinière et suis heureux de mes humbles capacités face à ... votre génie.

Et de s'empresser a mettre des petites tapes dans les cotes de Naya, exactement à l'endroit ou ça chatouille.

Naya bondit hors de portée de Wyrd tout en éclatant de rire.

Arrête de boire, ça te rend encore plus con que d'habitude !

Puis, elle s'approcha d'Akira et, d'un geste furtif, lui retira la bouteille de Whisky des mains. Elle lui adressa au passage un regard à la fois exaspéré et amusé face à son attitude avec Irina et à leur jeu amoureux qui n'en finissait pas de stagner. Mais elle s'abstint de tout commentaire. Ce n'était définitivement pas son domaine.

Tout en buvant une gorgée du liquide ambrée, elle s'éloigna des deux hommes et lança à Irina.

Nous avons l'esprit trop fin et trop subtil pour ces deux-là. Elle poussa un soupir qui sonnait faux. Nous sommes trop bien pour eux !

Plus de bouteilles, plus de souffres douleurs il avait donc tout perdu. Avec toute la rectitude du militaire après quatre verres de whisky, il reprit à l'encontre de ses amis ici présents :

- Bon ben moi j'y vais, j'ai le rapport d'un certain Orowyn à subir. Et je suis déjà tellement bon prince en ces quelques heures de picole que je vous laisse ma bouteille histoire de paraître sérieux ... devant mon suboe ... subordo ... nné !

Et le Wyrd de partir en tanguant quand même un peu, déterminé a ne pas prendre l'ascenseur, mais les escaliers le temps de dessaouler.

Naya manqua de s'étouffer tant elle riait de l'état de Wyrd et elle le regarda donc s'éloigner, les larmes aux yeux à force de rire. Elle tendit la bouteille de bonne grâce à Irina.

Bah qui parle de chercher leurs grâces ? Nous leur proposons de se rendre utile voilà tout. D'ailleurs, pour que le matou soit plus efficace, je propose d'emporter cette bouteille loin d'ici et de la finir en toute tranquilité ! Qu'en dis-tu ?

Irina regarda Wyrd tituber avec un large sourire, rien de plus amusant qu'un grand gaillard comme lui qui ne tient plus sur ses quilles. Ne prenant garde à son état personnel, elle accepta la bouteille que lui tendait Naya ainsi que sa charmante proposition.

- Excellente idée, on va chez toi? Autant laisser ce cher Akira terminer ce qu'il a si bien commencé et aller papoter un peu à l'écart !

Je dirais même plus excellente idée ! De toute façon, quand il est plongé dans ses plans, il est plus abordable le matou.

Et, tout en emportant la bouteille de Whisky, Naya se dirigea vers la sortie du hangar, suivie de près par Irina. Elle se retourna au moment de franchir le seuil et s'écria.

Et ne fais pas trop de bétises !

Akira travailla encore plusieurs heures sur le nouveau MechA. mais son que son bipper se mit bientôt à sonner. Il n'y jeta même pas un regard et il se mit à sonner toutes les minutes. Au bout d'un moment, il finit tout de même par observer qui l'appelait et vit un message de sa secrétaire, disant que quelqu'un l'attendait devant son bureau.

- Rhoo... Pour une fois que je bosse...

Le Matou s'étira alors et observa son œuvre. Il avait déjà réalisé une partie de la nouvelle unité mais il restait énormément de travail avant qu'il puisse être opérationnel. Plusieurs jours de travail acharné, sûrement... Et puis les images de ses plans n'allaient pas arrêter de le harceler jusqu'à ce qu'il l'ait terminé et lui-même testé. Évidemment. Il se tourna vers le mécanicien qui était resté là pour le surveiller et lui lança :

- Tout ça, ça reste là. Cette salle est la mienne à partir de maintenant. Vous êtes directement sous mes ordres et uniquement chargé de garder cette porte. Si quelqu'un entre, couic. Ce n'est pas une blague.

Sans même attendre de réponse, Akira sortit pour se diriger vers son bureau.