Jour 0 de la nouvelle ère:
Je n’arrive pas à trouver le sommeil. Dès que mes paupières se ferment, les images du carnage m’assaillent de toutes parts…
Et dire que nous avons enfin atteint Esperanza ! Cette planète promise qui devait tous nous sauver… à quel prix !
Nous avons perdu un vaisseau-mère: l’Allende. Suite à une panne inexplicable et des incendies qui ont ravagé le Nufan alors que nous approchions d'Esperanza, les survivants ont été transférés sur le Nur Vankis et la Rose Noire. Et j’ai ainsi vu le vaisseau sur lequel j’avais vécu tant d’années disparaître à jamais, emportant avec lui les promesses qu’on nous avait faites, suivi de peu par le Nur Vankis.
Et ces semaines angoissées que nous avons vécues par la suite, dénués d’espoir, dénués de rêves… quand, soudain l’annonce de l’approche de la planète Esperanza se répand dans les couloirs ! Serions-nous enfin… sauvés ? Mais la planète ne devait pas nous voir d’un si bon œil… un problème dans le bloc de propulsion du Nur Vankis.
Ils ont décidé de nous rapatrier sur la planète dans des frégates… tout le monde pensait que tout se passerait pour le mieux. Moi j’ai fermé les yeux.
Quand je les ai ouverts, la première chose qui s’est imposée à moi est que la majorité envoyée avait survécu. La seconde… c’était l’image de ces épaves. Je crois que je ne me suis jamais senti aussi désemparé.
Sept années de travail, sept années d’acharnement, sept années d’espoir surtout… pour arriver à cela.
Mes yeux commencent à se fermer doucement, la fatigue finit par l’emporter sur la peur et le chagrin. Je crois… je crois que tout ceux que j’aimais ont péri.
Jour 1 de la nouvelle ère.
J’ai mal dormi. Les cauchemars m’ont assailli de toutes parts à peine mes yeux se sont-ils fermés…
Nous avons beaucoup de blessés. Les soldats essaient de gérer les rescapés du mieux qu’ils peuvent, mais je sens qu’eux aussi sont dépassés par les événements. Les scientifiques quand à eux, ils cherchent des solutions… comme toujours.
J’ai peur.
Jour 4 de la nouvelle ère:
J’ai pris un peu de temps pour observer le lieu sur lequel nous avons « atterri ». On dirait une immense jungle, avec de grands espaces dénués d’arbres. Nous avons par ailleurs commencé à installer notre campement dans l’un d’entre eux. Il fait très chaud le jour, ce qui rend nos journées éprouvantes. J’accueille souvent la tombée de la nuit avec un soupir de soulagement.
L’organisation s’est faite sans anicroches, chacun a trouvé sa place. On se sent utile et, qui plus est, cela nous fait oublier ce que nous avons enduré pour en arriver là.
Je crois que s’il n’y avait pas cette cohésion entre nous, nous n’aurions jamais pu nous en sortir… et je parle du voyage en général.
Qui a dit : « l’union fait la force» ?
Jour 10 de la nouvelle ère:
Chacun retrouve son ancien poste, récupère son grade et ainsi de suite… L'Etat-Major militaire n'existe plus, je me demande comment ils vont régler la crise. C’est étrange de se dire que tout redevient comme avant, même si c’est vrai que rien n’est vraiment différent d’auparavant… même si tout à changé.
Jour 12 de la nouvelle ère:
Cette forêt... ça ne me rassure pas de savoir qu'elle nous entoure... et je suis pas le seul dans ce cas. A la nuit tombée, on entend toutes sortes de bruits qui ne sont pas pour nous réconforter... je crois même que l'un d'entre nous a croisé un animal terrifiant. D'après ces dires il ferait près de trois mètres de long et presque le double de hauteur ! Apparemment il n'aurait vu que sa silhouette au loin, mais il s'est enfui avant d'en voir plus... comme je le comprends !
Comment pouvons-nous dormir en imaginant les multiples menaces que ce monde nous réserve ?
Esperanza nous offrira t'elle enfin cette nouvelle vie, ce nouveau départ tant promis ?
