Les monstres se révèlent la nuit.

Le feu était partout. Le bâtiment brillait d'une lueur orangée et la chaleur de l'air avait sensiblement augmentée...

Emportée par son armure améliorée, Nelly arriva aux dortoirs à une vitesse phénoménale. Elle n'avait même pas regardé si le fameux Stack avait suivi son rythme mais elle en doutait fortement...

La militaire regarda autour d'elle, essayant d'apercevoir si les autres renforts étaient déjà arrivés. "Qu'ils se magnent le cul ces cons" pensa-t-elle avec mécontentement. Son utilisation quotidienne de son armure lui faisait presque oublier les phénoménales capacités qu'elle lui offrait.

Nelly s'approcha avec prudence du bâtiment. Le feu n'avait pas encore pris sur l'ensemble de la structure, il substitait des couloirs encore intact. Consciente de la stupidité que serait le fait d'y aller seule, la jeune femme attendit que d'autres arrivent sur les lieux, et commença à réfléchir à une stratégie en attendant.

Des hurlements se mirent à se faire entendre de l'intérieur

Bordel de.... qu'est-ce qu'ils foutent les autres? Si j'y vais seule, personne ne saura que j'y suis.

Putain mais qu'est-ce qui se passe là-dedans??

Foutue armures, foutues technologies. Stack détestait le fait que des gens soient plus forts physiquement que lui pour approximativement la même masse et la même corpulence, encore plus lorsque c'était dû à des aides techniques. Décidément les êtres humains avaient un gros complexe d'infériorité, c'était navrant à regarder. En tout cas elle l'avait rapidement semée la militaire, avec son armure digne de la poussée d'un chasseur spatial. Loin de se décourager le rat d'égout en profita pour saisir cette opportunité de se retrouver dans son élément. Arrachant d'une main la première grille d'aération qu'il trouva dans le couloir qu'ils avaient arpentés, il projeta sa langue dans le couloir et s'agrippa à une prise de fortune pour se hisser.

On avait beau dire, mais une fois vus de ce coté-ci de la base, les trajets semblaient bien plus courts au brigand qu'il était. Marchant à quatre pattes dans les conduits, se laissant tomber d'étages en étages avec une agilité et une maîtrise de l'art du parcours qui ne faisait que son mérite, il arriva au final avec seulement trois minutes de retard environ au même endroit que la militaire. Il pouvait l'apercevoir par une grille d'aération, sur le coté. Mais le conduit commençait à être empli de fumée. Avant de s'étouffer il défonça la nouvelle grille et sortit à la hauteur de sa compagne d'infortune.

- J'ai l'impression que le système de retraitement de l'air est un peu en rade, on cuit doucement à l'étouffée là dedans. Vous avez pas un respirateur par hasard, que j'aille voir par les conduits ce qui bloque ?

Nelly regarda le mutant arriver avec indifférence, par contre, sa question la fit soupirer.

Je n'ai pas que ça à foutre que de me ballader avec un respirateur. Et puis pour les conduits d'aération, je pense que tu peux oublier. Avec l'incendie, un système d'urgence s'est mis en place et tente d'évacuer la fumée en masse. Tu entrerais à peine que tu serais éjecté vitesse grand V par un vent d'une puissance bien plus grande que tes capacités ... hors du commun on va dire.

"Et ce même système de sécurité s'applique aux portes, qui seront toutes bloquées pour permettre de dépressuriser les endroits sinistrés", se prit-elle à penser. L'ouverture de l'une d'elle arrêtera le processus mais permettra de sauver ceux qui sont coincés à l'intérieur et qui était ce mystérieux intrus.

Quant aux portes bloquées électroniquement... ce ne serait guère un problème pour le membre ultra-formé du CIR qu'elle était.

On va tenter de se frayer un chemin dans ce merdier. Fais comme tu le sens, mais moi, j'entre.

Tirant son plug universel de sa poche, Nelly s'approcha de la porte principal. Arrachant le boitier de plastique qui recouvrait le système électronique et y introduit la clé. Au bout de quelques secondes et après une série de cliquetis, la porte se déverrouilla. La jeune femme attrapa un objet suffisament lourd pour bloquer la porte et pénétra à l'intérieur...

Nelly regarda autour d'elle avec consternation. Le bâtiment était perdu. Même si les flammes finissaient par être domptées, il ne resterait que ruine. La jeune femme fronça les sourcils et secoua légèrement la tête. Ce n'était pas le moment de penser à ça bordel, il y avait encore des gens à sauver dans ce putain de bâtiment !

A l'instant même où elle se disait cela, une gamine fit irruption devant elle. Elle lui demandait si ça allait. Mais quelle conne !

Qu'est-ce que tu fous là toi ? T'as pas l'impression d'être dans un bâtiment qui crâme non ?

Elle détailla la fille des pieds à la tête. Elle ne la reconnaissait pas. Ce qui n'était pas forcément anormal en soi mais bon. Quand même. Quoi qu'il en soit, elle était extrêmement physionomiste et dorénavant, le visage de cette fille resterait gravé dans sa tête.

Nelly remarqua alors le bras replié dans le dos de la gamine. Généralement, ça ne voulait signifier qu'une chose. Portant la main à son arme, elle prononça, en imitant le sourire de l'inconnue.

Et si tu me montrais tes mains avant que je te fasse sortir d'ici à coup de pieds dans le cul ?

Si ça avait été une survivante, elle aurait été plus polie. Mais la militaire avait observé les expressions de la gamine et elle voyait bien qu'elle n'était ni effrayée, ni perdue. Bref, qu'elle n'avait pas atterri ici par hasard...

(HRP: je ne suis pas bien sûre d'avoir compris ce qu'elle dit vraiment et ce qu'elle pense donc, je vais me contenter du gunshock ^^)

Nelly regardait la morveuse s'agiter mais elle ne lui prêtait déjà plus qu'une légère attention. Toute sa concentration s'était focalisée sur le moyen de se faufiler dans le bâtiment sans se prendre une poutre enflammée sur la gueule. Puis, un bruit de chute retentit. Un écho métallique se répercuta à ses oreilles. Son regard se posa brièvement sur le gunshock qui venait de tomber sur le sol.

Dans un réflexe vif, la militaire dégagea son arme de son étui et la pointa sans hésiter sur la gamine qui se noyait dans ses explications.

Ok. Je ne te le dirais qu'une seule fois.

Tout en prononçant ses mots, elle s'était déplacée avec précaution vers l'arme sur le sol et la poussa au loin de la pointe de son pied. Elle plaça alors le canon de son automatique sur la tempe de la jeune fille.

Tu dégages d'ici. Maintenant. Et tu fais en sorte de ne pas me recroiser. Jamais.

"J'ai autre chose à foutre que de m'occuper d'une morveuse de ton genre", ajouta-t-elle pour elle-même.

Sans l'ombre d'un tremblement ou d'une hésitation, elle attendit que son ordre soit exécuté. Au fond d'elle-même, elle savait que l'ombre n'allait pas tarder à débarquer, et elle ne souhaitait guère assister à ce qu'il risquait de se passer si la gamine n'avait toujours pas déguerpi.

Après s'être pris une rodomontade salée par la membre du C.I.R concernant ses envies d'escapade dans les conduits, le mutant préférait se la fermer. Elle avait un caractère sanguin, tout comme lui, mais semblait bien trop engoncée dans ses procédures et autres règlements pour faire preuve de l'improvisation qui caractérisait chacune des prouesses du rat d'égout. Plus qu'aigri par sa partenaire de combat, il la laissa passer devant en se contentant de penser que si elle était si pressée que ça de faire directement face au danger, sans observations préalables aucunes ... Eh bien qu'au moins son armure lui serve à lui de bouclier ...

Ils rentrèrent donc dans la salle, mais après avoir fait à peine quelques pas, le sergent Faulkner s'arrêta. Stack manqua de se cogner contre le dos de son armure. Une adolescente leur faisait face, n'ayant semblait-il aucune vision du mutant, ce qui le confortait. Bon allez on fait sortir la civile et on y retourne. C'est ce qui aurait été le plus logique, surtout qu'avec les secours qui n'allaient pas tarder, elle ne pourrait pas aller bien loin. Mais manifestement le C.I.R et le mutant n'avaient pas la même notion des priorités pour l'instant. Voyant que la situation tournait à l'interrogatoire en bonne et due forme -et se rappelant que si il restait trop près des secours il finirait par lui arriver la même chose- Stack passa sur le coté des deux filles alors que Morgane laissait tomber son gunschock. Haussant les sourcils, il eut un léger sourire déconfit devant les excuses de la fille, décidément certains ne savaient pas mentir, ou mal dissimuler leur culpabilité, au choix. En tout cas sur ce coup elle avait été plus cool que ce qu'il l'aurait cru capable de faire, un bon point pour la militaire (enfin).

- Sergent, je vais faire une reconnaissance.

Dit-il simplement avant de bondir à l'assaut, sur ses quatre membres malgré tout agiles. C'était vraiment le bordel dans le coin, mais il fallait trouver le responsable de cette situation. Puis fuir devant lui pour si possible le ramener au Sergent. Après tout, c'était elle qui était armée. Mais si la gamine pouvait rester, avoir des appâts en plus pouvait toujours être tactiquement intéressant.

Nelly hocha les épaules pour marquer son désintérêt à la dernière remarque de la fille. "J'ai autre chose à foutre que m'épancher sur les états d'âmes d'une morveuse" pensa-t-elle en levant les yeux au ciel. La fille s'éloigna, où qu'elle aille tant qu'elle ne trainait pas dans ses pattes, ça lui allait !

La militaire laissa son arme tirée, par précaution, et continua d'avancer dans le bâtiment en flammes. Elle jeta un bref coup d'oeil à Stack avant de le voir bondir en avant. Elle le suivit à distance et tenta de trouver des survivants à sortir de cet enfer.

Et après on s'étonne que je préfère l'hiver comme saison...

Nelly se figea en entendant la voix du lieutenant Mélies retentir dans son communicateur. Elle hocha la tête comme pour elle-même à l'écoute des ordres qui lui furent données puis, s'apprêta à appeler Stack quand soudain, elle poussa un énorme juron -je vous l'épargne-

Mélies avait dit DEUX civils. La gamine se baladait toujours dans les parages ! Tout en se mettant à courir, Nelly se réprimanda intérieurement. Elle avait failli à son devoir en laissant cette fillette suspecte repartir par ses propres moyens.

Stack ! Bordel montre-toi ! On doit évacuer ou dans quelques minutes nous sommes bons pour l'asphixie !